C'est un peu malhonnête de juger un film à l'aune de ce qu'il n'est pas, mais c'est aussi difficile de pleinement en apprécier un qui ne va pas au bout de ses bonnes idées et, qui plutôt que de nous apporter un propos cohérent de bout en bout, s'arrête sur une conclusion maladroite. J'ai du mal à détester complètement The witch in the window, mais c'est pourtant peut-être là que je vais inévitablement arriver.
Et pourtant, ça commence très bien. La mise en scène est classique mais soignée, l'image est fort jolie, le travail d'ambiance est chouettement réussi et surtout les personnages de Simon et Finn sont très attachants, On assiste à la (re)construction d'une belle relation entre père et fils, qui tentent d'établir entre eux un rapport de confiance tout en rénovant une maison forcément hantée.
La dimension horrifique est en fait assez mineure dans le film d'Andy Milton : il y a une sorcière qui occupe les murs, certes, mais ce n'est clairement pas l'objet central de la première partie du long-métrage. Le film réussit bien ses séquences horrifiques - ici encore tout est très classique mais bien foutu, avec un chouette parti-pris scénaristique dans la dernière partie du film, et parfois cela suffit. Le rapport des personnages aux éléments fantastiques est très fin et sort assez des canons du genre - d'autres critiques postées ici en parlent très bien. Mais il y a un os de taille, et il sera difficile d'en dire plus sans divulgâcher.
A la fin du film, prisonnier de la sorcière, Simon se voit proposer un pacte faustien : rentrer chez lui et revenir à sa vie qu'il considère comme un échec, incapable qu'il est de reformer sa famille, ou prendre la place de la sorcière dans la maison pour y attirer sa compagne et son enfant. Il y avait un formidable film d'horreur à développer à partir de ce prémisse : comment, en mourant, un homme fait hériter sa femme et son fils de sa maison qu'il hante encore, pour les forcer à vivre avec eux. Car Simon s'empare littéralement des outils que lui propose Lydia, la sorcière, pour parvenir à ses fins. Il décide de confronter froidement l'horreur qu'il rencontre dans sa maison pour signer un pacte avec elle, alors qu'il avait le choix. Il passe un autre contrat avec son fils pour lui garantir qu'il lui confiera tout en confiance, mais exclut sa femme de ce marché alors qu'elle en subit également les conséquences. Et c'est là, en traitant de manière romantique cet acte comme celui d'un père qui cherche à réunir autour de lui sa famille - et non comme celui d'un homme séparé qui force (et c'est sans ambiguïtés dans le film) la main à sa femme - que le film se vautre dans les grandes largeurs.
Le film s'achève sur un propos au mieux maladroit, au pire malaisant et nauséabond, et dont la mise en scène ne parvient pas à dessiner l'ambiguïté. Et malgré la finesse déployée dans les premières parties du film, c'est cet arrière-goût qui reste à la fin.