Cette année, Marvel nous aura gâtés de deux films de bonne qualité : Les Gardiens de la Galaxie 2 et Spider-man : Homecoming, qui marquaient un certain tournant dans l'univers cinématographique Marvel. Désormais, les films de la célèbre écurie de comics s'assument pleinement, ne cherchent plus à faire de ton en demi-teinte comme pour Captain America : Civil War, sorte de débâcle artistique à l'écriture sans grand courage.


Dans la foulée sort Thor : Ragnarok. D'un côté, sa communication laissait présager une certaine catastrophe en ce qui concerne l'adaptation de Thor : Ragnarok et Planet Hulk en un film, mais nous vendait un ton humoristique et fun des plus attirants. Mi-figue mi-raisin, c'est sans grand espoir que je me suis lancé dans le visionnage.


Et c'est agréablement surpris que j'en suis sorti. Bourré d'action autant qu'il est ampli d'humour, ce Ragnarok fonce tête la première dans son délire, s'assumant tellement qu'il pourrait en perdre une partie du public. Connaissant pourtant quelques difficultés pour se lancer, le film débutait par un humour lourd et gras sans grand intérêt, si ce n'est d'instaurer un malaise persistant au sein de la salle.


Heureusement que le film se rattrapera par la suite, dès l'arrivée d'une certaine Héla. Vendue comme la némésis de l'univers de Thor et, plus largement, de tout Asgard, on se rend vite compte de son manque de charisme évident et de sa vaineté fatale. Elle fera certes de grandes choses, de grands crimes contre le peuple du dieu du tonnerre, mais la portée de ses actions sera amoindrie par son phrasé, son interprétation et ses mimiques caricaturales, faisant plus penser à la version Leader Price de Maléfique qu'à la réelle déesse de la mort, antithèse de toute vie sur Asgard.


Voilà donc le seul réel défaut à signaler en ce qui concerne le jeu des acteurs, les autres prouvant clairement que la direction d'acteurs du MCU est prodigieusement sérieuse et efficace. Une préférence viendra forcément pour tel ou tel acteur, la mienne s'étant porté sur ce quatuor de héros complémentaires et si différents qu'ils en deviennent psychologiquement intéressants.


On regrettera peut-être le manque de recherche de la relation entre Thor, Odin et Loki, qui même en se prenant un twist dans la face ne change presque en rien. Un effort d'écriture aurait pu être fait pour approfondir l'un des personnages les plus fades et plats de la trilogie Thor : le dieu des dieux, père de toutes choses au pays des vikings et des valkyries.


Quelques rares défauts rapidement évacués par une mise en scène qui a du talent, une patte, de la personnalité. Enfin, Marvel a décidé d'engager autre chose que des Yes Man sans foi ni lois. Répondant à l'appel, un certain Taika Waititi, réalisateur peu connu du grand public qui fait ses armes, depuis plusieurs années, sur des comédies toutes plus loufoques ou touchantes les unes que les autres.


On sentira donc son talent tout du long, alors que le film fera preuve d'une maîtrise sans faille de son humour balourd (une fois la première partie sur Terre passée, qui contient du très bon autant que du très mauvais). Habile et fin metteur en scène, Waititi prouve qu'on peut sortir les films Marvel de leur filtre terne et grisonnant post-Dark Knight sans qu'on doive obligatoirement s'appeler James Gunn. Waititi blindera également son film de références : Le Seigneur des Anneaux, 300, Stargate, Led Zep', tant d'emprunts qui vous voleront sûrement un petit sourire !


Talentueux et rythmant son film d'une intensité d’orfèvre, le réalisateur pourra cependant se heurter à des reproches concernant le Ragnarok, qui s'il laisse bien la place à la partie Planet Hulk, ne s'imposera pas suffisamment pour que l'on ait l'impression d'un film cataclysmique. Voilà un point qu'on pardonnera aisément à ce Thor : Ragnarok, qui s'il a décidé de porter sur ses épaules le parti pris du film fun et décérébré, ne se sera pas entiché de sentiments exacerbés et d'un pathos de dramaturge qui n'auraient sûrement pas fait bon ménage au sein de vannes et d'explosions primaires et assumées.


Dans Thor : Ragnarok, rien n'est grave, rien n'est triste (ou presque), le tout est propice à la détente et aux rires. C'est un film qui redonne espoir pour le MCU, qui laisse un grand sourire sur le visage dès la fin de la séance, et nous assène une seule idée en tête : "c'était bon!". Clairement pas le meilleur film du MCU, mais l'un de ses divertissements les plus honnêtes et sans prise de tête. Il faut le voir pour passer un bon moment et se détendre. Rien de plus.

Créée

le 7 nov. 2017

Critique lue 327 fois

8 j'aime

5 commentaires

FloBerne

Écrit par

Critique lue 327 fois

8
5

D'autres avis sur Thor: Ragnarok

Thor: Ragnarok
Marvellous
3

Epiquement vide

La promesse de la clôture sans déception du triptyque Asgardien semblait être facilement tenable au vu des deux premiers volets pas totalement convaincants de la saga. La volonté de délivrer un buddy...

le 3 nov. 2017

82 j'aime

14

Thor: Ragnarok
Fiuza
4

On frôle la ca-Thor-strophe

Avertissement : ce texte peut contenir certaines révélations sur l'intrigue du film Thor 3 est un film qui ne manque pas d’humour. Et c’est là le principal problème. En effet, pratiquement chaque...

le 25 oct. 2017

60 j'aime

4

Thor: Ragnarok
Sergent_Pepper
5

Rainbow fist blood

Que l’écurie Marvel accuse de sérieux signes de fatigue n’est un secret pour personne : quand une formule tourne à vide, les tentatives de pas de côté peuvent s’avérer salutaires. On l’a vu avec...

le 5 mars 2018

58 j'aime

6

Du même critique

Les 4 Fantastiques
FloBerne
2

Des fois c'est dur d'être un geek... Putain mais quelle purge !!

Dans le ptit bled paumé où je passe le clair de mes vacances s'est proposée une expérience pas commune : voir le film "Les 4 Fantastiques" en avant première. Nourri d'espoirs et d'ambitions, je me...

le 4 août 2015

35 j'aime

42

Marvel's The Punisher
FloBerne
8

Miracle et drama

Saison 1 : 9/10. Au cinéma, nombre de personnages se sont fait massacrés pendant des décennies, sans vergogne ou une once de progrès. Les comics aussi ont été touchés par cette mode de la destruction...

le 13 déc. 2017

34 j'aime

4