Thor : Ragnarok, le troisième volet des aventures de notre dieu nordique préféré, est il réellement un Thor ?
Face à un essoufflement du genre super héroïque, Marvel décide de réagir en rendant plus "tendance", plus à la mode son héros divin, quitte à complètement le déconstruire et le reconstuire.
Le résultat ? Une bande son rétro qui ressemble à celle de Ghost in the Shell, une atmosphère très 80's qui n'est pas sans rappeler assez fortement Blade Runner, un héros à la coupe de cheveux tendance, "terrienne", propre, courte et nette qui empiète sur le style de Captain America et un aspect colorisé à outrance et un humour qui lorgne auprès des Gardiens de la Galaxie.
Un cocktail assez peu conventionnel comparé aux deux précédents volets, et surtout un mélange qui fait perdre au héros son essence vitale : son authenticité.
Attention j'aime l'humour des Gardiens de la Galaxie, mais celui ci n'est pas applicable à Thor Ragnarok, où chaque scène, dramatique ou non, est tournée en autodérision et l'humour très caractérisé devient pompeux, limite gênant...
Je retiendrais plus particulièrement les scènes suivantes où l'humour et le sens du dramatique sont flous :
La mort d'Odin, qui n'a aucun ton dramatique, aucun impact sur le héros ou le spectateur. Où encore la fin, lorsque l'homme cailloux dit à Thor : mon ami est mort, je lui ai marché dessus, humour gras et gênant.
Ces scènes sont le reflet d'un film qui n'arrive pas à trouver son registre, serais je sérieux ? Serais je débile ?
Ce film n'est pas un Thor, c'est un film fade qui lorgne sur le succès des Gardiens de la Galaxie et des autres films du MCU afin d'accroître ses chances de faire un carton au box office, où le héros n'a plus d'identité en tant que personnage, il n'est plus qu'un membre des Avengers, un faire-valoir au sein de son propre film, participant à la grande intrigue menant tous les films Marvel, comme de grosses bandes annonces, à Infinity War, et c'est réellement dommage, car Thor reste un héros qui, tant au niveau de son charisme que dans l'univers dans lequel il évolue, vaut tout aussi bien qu'un Iron Man ou un Captain America. Même topo pour le personnage de Loki, moins malsain, moins méchant, le frère diabolique de notre héros n'a plus de réelle importance et sa part de folie est absente au sein de ce troisième opus. Hulk quand à lui représente la plus mauvaise incarnation du géant vert à l'écran, remixé en gamin débile et capricieux à souhait, et le tandem Thor/Hulk ne fonctionne pas, on sent que le super héros incarné par Mark Ruffalo n'est là que pour ajouter du poids au box office. Héla, la méchante, est quand à elle insipide, ne bénéficie d'aucune richesse d'écriture, et pourtant j'adore Cate Blanchett, mais son personnage est décevant, bâclé.
Aussi, ce film est, par son manque d'authenticité et d'unicité, un reflet de l'essoufflement du genre super-héroïque, où tous les films se ressemblent et s'emboîtent les uns les autres pour former un "superfilm" de 20 heures, où l'anecdotique n'a pas lieu d'être, où chaque action d'un personnage au sein de son propre film compte pour un autre film se passant dans un autre univers avec d'autres héros. Ce mode de fonctionnement, même s'il fait l’unanimité parmi les fans (les chiffres en témoignent), enlève une force à ces films, car plus aucune de ces œuvres n'a d'identité propre, que ce soit au niveau de ses personnages, de son scénario, de son fond, ou sa forme ou une identité visuelle : chaque film se ressemble.
Et Thor Ragnarok est le plus parfait exemple de cet "écœurement", car le héros est complètement démystifié, et tout ce qui faisait son charme a été "rebooté" de sorte à rentrer dans le rang des autres productions Marvel afin de "rétrécir" l'univers, et l'adapter au résultat final.
Le plus flagrant, c'est que même sa tignasse nordique y est passée.