Ce film est étrange, il raconte une histoire simple avec énormément d'éléments complexe qui en découlent. Le jeu d'acteur de Joaquin Phoenix est très juste et non exagéré comme le pense certains, ce n'est pas très subtil par contre. Mais les images présentes dans ce film me laisse une marque forte encore maintenant alors que ça fait plus d'une semaine que je l'ai vu. Ce qui m'a fait aimé ce film est la séquence du manoir.
ATTENTION SPOILERS !!!!!!!
Cette séquence m'a laissé admiratif, après une accélération des images et du déroulement du paysage très rapide avec cette caméra à l'avant d'une voiture. On arrive au manoir, caméra fixe, plan d'ensemble, tout est dit. La fin se passera ici. On voit l'arrière du manoir, l'avant du manoir. Puis on revoit l'arrière, Joaquin Phoenix passe, presque invisible à l'image et pourtant très présent ( augmenté par le choix de la couleur de sa chemise ). La suite continue en plan fixe, les objets posés, inanimés, les cadavres de même (bien sûr). TOUTE la séquence est filmée en nature morte, on voit les faits, la violence n'est pas présente dans son action et pourtant on ressent cette action. Par exemple, une des images est le cadavre du garde par terre allongé sur le ventre, Joaquin Phoenix rentre dans l'image avec sa carrure imposante et il ne dérange pourtant pas le calme du cadre. Et ce calme nous fait pourtant ressentir une violence en action. Ces cadres fixes s'arrêtent dès lors qu'il monte au premier étage. Il arrive ainsi dans la chambre vide. Et là il se met à crier, à pleurer, il brise le silence jusqu'ici omniprésent. Et ce jeu d'acteur qui pourrait paraître presque ridicule et exagéré est pourtant d'une force extrême par le contraste créé avec ce qui précédait. À la fin de la séquence, j'étais tombé amoureux de ce film.
Plusieurs autres détails intéressants sont que j'ai ressenti une certaine ressemblance entre Joaquin Phoenix et son père au niveau du comportement bien sûr, ce qui est plus qu'explicite, mais aussi au niveau du physique. Ce qui m'a surtout fait pensé à ça, c'est la scène très courte ( à peine quelques secondes) du père sur une chaise, une serviette sur le visage contractant tous ses muscles ( scène très marquante et très bien filmée je trouve), le visage étant absent j'ai cru que c'était Joaquin Phoenix qui jouait le rôle de son père. ( Ce qui après vérification n'est pas le cas). Et je trouve cette ressemblance plus qu'intéressante.
Une autre scène marquante est celle du dinner, elle reflète énormément de caractéristiques du film. On voit la violence, le détachement et le rythme. Le rythme très présent dans l'enchaînement des dialogues surtout pour les 2/3 dernières phrases.
Ce que j'ai trouvé dommage par contre c'est que le film donnait l'impression que tout tournait qu'autour de Joaquin Phoenix ( ce qui est vrai) alors que dans l'histoire des sénateurs, il n'est qu'un personnage secondaire. Et cette idée est très bonne mais la scène dans laquelle il arrive devant le premier hôtel, m'a énormement gênée. Alors que tout commençait bien, des images très belles et très calmes. Joaquin Phoenix sort de la voiture, la caméra suit le mouvement de la portière, une dynamique s'installe, pile ce qu'il faut pour motiver le spectateur, pour le mettre dans l'état d'esprit de ce qui va suivre. Et là, la caméra arrête de bouger, reste collée à la portière. La dynamique est coupée nette. Et je me demande toujours pourquoi la caméra ne l'a pas suivi, pourquoi elle n'a pas insufflé une envie chez le spectateur, une attente. On avait vraiment cette idée de ce personnage au centre de tout, et puis voilà quoi !! ça gâche la suite. La suite qui est pourtant plus qu'intéressante. Et ce film alors qu'il ose des choses (scène du dinner et celle de la cuisine avec l'autre tueur à gages), il n'a pas osé faire un satané mouvement, coupant l'énergie et l'action de la scène suivante.
Mais malgré tout, ce film est pour moi l'un des films les plus marquants de l'année 2017 et un film à aller voir rien que pour la séquence du manoir.


De plus, l'humour que se permet de film est juste magique !

Aliochka
8
Écrit par

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le 24 nov. 2017

Critique lue 351 fois

Aliochka

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