Adolescent intelligent et musicien hors pair, Danny atteint l’âge où il doit postuler dans une université. Mais gros problème : Danny est l’enfant d’un couple d’activistes, qui depuis 15 ans vivent clandestinement de ville en ville, pour échapper aux autorités qui les recherchent après une bavure lors d’un attentat.
Sidney Lumet passe complètement sous silence la traque policière, et s’intéresse peu aux conditions de fuite de ces gens. Ce qui l’intéresse, c’est le fonctionnement de cet étrange noyau familial. Un couple qui n’est en phase ni avec le système actuel, ni avec les révolutionnaires de pacotilles qui subsistent çà et là. Un père qui dénonce l’autorité et l’injustice, mais se conduit en tyran avec ses enfants qui paient des erreurs que leurs parents ont commises. Et surtout un fils au futur a priori bridé, dont le talent et les émotions ne demandent pourtant qu’à exploser, mais qui se voit contraint à mentir en permanence, se cachant derrière un masque de politesse et de discrétion.
Un scénario adroit et un protagoniste touchant, interprété par un River Phoenix sensible, sont les principaux attraits de « Running Empty ». A côté, la mise en scène de Sidney Lumet est professionnelle mais sans éclat, ce qui est un peu dommage vu le potentiel du réalisateur et la qualité du sujet. Un beau drame néanmoins, qui prouve accessoirement que River Phoenix est décidément parti trop tôt.