La critique dévoile la fin du film car il est impossible de l'analyser sans sa fin – à prendre en considération…
Les théories du complot n'ont pas le vent en poupe, Emmanuel Macron venant de lancer la chasse aux fake-news et les théoriciens n'étant considérés que comme des ravagés du bulbe qui voient dans une photo plus qu'il ne faudrait en voir. Pourtant, Alan J. Pakula, 45 ans avant cette diabolisation de ces remises en cause, donnait la part belle au complot pendant tout un film: The Parallax View (A cause d'un assassinat).
Donc, dans cette critique, inutile de s'étendre sur la réalisation et la mise en scène. Certes, chaque plans a un sens et il serait, j'en suis persuadé, de tous les décortiquer, mais je me contenterais de dire que sa froideur correspond au message de fond, il est donc important de retenir ça: la caméra est, on ne peut plus, un témoin plus qu'un activiste.
En effet, Pakula, à travers son film, prétend que cette caméra est une lanceuse d'alerte, dénonçant les vérités qui nous sont cachées par les grandes instances politiques (américaines dans ce cas). Au début du film, après l'assassinat du premier sénateur Carroll, nous est présentée une assemblée de 6 bureaucrates pisse-froids et puritains que la caméra ne semble pas vouloir attendrir, qui affirme que l'assassinat du sénateur n'est dû qu'à l'impulsion soudaine d'un individu en manque d'attention... étrange... 2 minutes plus tôt, la caméra et le montage nous exposaient la connivence entre l'assassin et les autres bell-boys présents à la réception, à travers le montage et la direction de regard des acteurs, il est possible de pointer du doigt et d'affirmer avec précision que l'assassinat est effectivement dû à un complot...
Cette analyse se confirme à la fin du film, où le même genre de compte-rendu est présenté, toujours par les mêmes personnes, affirmant que c'est notre héros (pourtant journaliste infiltré) qui décida de descendre le sénateur Hammond par sa seule initiative.
Ainsi, il n'est jamais mis en lumière la possible existence d'une corporation de tueurs ultra-secrète. Officiel n'est pas vrai. Ceci semble être le message lancé par Alan Pakula dans son film, mais pas seulement. Le réalisateur fait également l'apologie d'un cinéma comme médium de vérité, par le montage, la réalisation, la mise en scène, il est possible de lui faire dire ce que l'on veut et placé entre de bonnes mains, les mains de la vérité, il est une arme infaillible et puissante contre la manipulation des gouvernements.
Le film s'inscrivant dans la mouvance de ras-le-bol qu'est le Nouvel Hollywood, il devient ainsi un objet de revendication, revendication de la prise de pouvoir du cinéma... revendication portée par Taxi Driver, Les Hommes du Président, Phantom of the Paradise ou Vol au-dessus d'un Nid de Coucou, films ayant à jamais changé le statut du cinéma, de majoritaire objet de divertissement à œuvre politique engagée.