Il y avait des endroits plus anonymes que le Mississippi pour faire revenir un père de la guerre du Vietnam. Autrement dit, montrer ce que fait un traumatisme à l’attitude et aux responsabilités d’un parent, ça aurait marché ailleurs que dans un environnement où le climat lui-même est un personnage.
L’idée n’est cependant pas neutre : en voyant des enfants reproduire pas si innocemment que ça les conflits des grands dans une région hantée par la pauvreté et la ségrégation, on comprend que les effets du retour du père se propagent bien au-delà du divertissement immédiat. Les jeux parfois violents et les guéguerres dont l’innocence se transforme parfois soudainement en cruauté, c’est un conflit international en puissance à laquelle il ne tient qu’aux parents de mettre un terme... quand ils ne sont pas eux-mêmes aux prises avec leur passé.
Cette vision d’un démon américain (la guerre) traduite par l’éducation et la situation ethnique interne aux États-Unis, c’est ce qui me touche et me pousse à écrire sur ce qui est, sinon, un petit film : cadre exotique bien mis en avant, enfants attachants et surjoués... ce n’est pas un monument littéraire, il est trop bon-enfant pour la vocation qu’il se donne et il y a un côté très apolitique à cette morale familiale de laquelle émerge, heureusement, Elijah Wood tout jeune et dans une parfaite complicité avec Costner. D’un autre côté, l’excellence du duo ajoute encore aux contrastes : si le sujet est maîtrisé, il est difficile de comprendre sur quel ton il faut prendre ce petit monde de débrouillardise enfantine.