Quel dommage... C'était si bien parti. Quelle tristesse de voir un film qui était plutôt réussi par beaucoup d'aspects tout gâcher à la fin.
A Cure for Life débute sur une courte scène, très représentative de l'ambiance globale du film. Des immeubles défilent lentement, une petite musique en fond, et en même temps quelque chose ne va pas, tout semble vide, immobile, silencieux. Comme si le temps s'était arrêté. L'image est artificiellement verdâtre. Tout cela crée un décalage par rapport à ce que l'on est habitués à voir : New York est habituellement grouillante de monde, jamais désertée, et surtout cette ville n'est jamais silencieuse. Tout bruit a été ôté, remplacé par la musique. Et on ressent tout ça comme si quelque chose clochait, comme si quelque chose n'allait pas.
Remarquons que, dès cette introduction et ensuite durant tout le film, le traitement du monde des affaires et plus globalement du capitalisme est froid, glacial, les grands immeubles et les grands cadres en costard donnent l'impression de diriger le monde en manipulant leurs milliards.. Cet aspect peut rappeler la série Mr Robot, bien que cette dernière le fasse dans un but très dénonciateur et anti-capitaliste, là où A Cure for Life veut surtout créer un contraste fort avec le sanatorium et son air frais, ses montagnes, l'eau, la nature, etc. C'est pour moi surtout en ça que le film ne tombe pas dans une vulgaire caricature comme a pu le faire Mr Robot.
Lockhart, notre personnage central, arrive ensuite au sanatorium, et entreprend de ramener Pembroke à New York. Cette partie du film aussi est très correcte, même si on pourrait lui reprocher quelques défauts : les informations arrivent de manière quelque peu artificielles et fausses, le plus flagrant étant le taxi qui explique l'histoire du château en arrivant, et l'espèce de médecin qui donne les informations pour de l'argent. Non pas que ce ne soit pas crédible, mais il y a un côté jeu vidéo, avec des quêtes menant à des récompenses à chaque fois. Certains ressorts sont aussi légèrement prévisibles ou manquent légèrement d'originalité, je pense notamment au traitement de la folie : tout semble accuser le personnage principal, il semble fou. Lui même se le demande. Est-ce qu'on lui veut du mal, ou bien est-ce lui qui est paranoïaque ? Ce sont un peu des poncifs qui sont repris ici, bien que le film tienne encore très bien debout par d'autres aspects.
Du reste, l'ambiance comme la mise en scène (qui sont relatifs l'un à l'autre) sont plutôt réussis. Les deux aspects du sanatorium sont très équilibrés, entre le magnifique château en montagne qui semble paradisiaque, presque trop beau pour être vrai, et ses sous-sols inquiétants, angoissants, étouffants, provoquant des hallucinations même.. La scène où Lockhart est bloqué dans la grande cuve pendant que le surveillant se masturbe atteint un paroxysme du malaise que peut créer ce film.
Jusqu'ici le film était donc très correct. Une ambiance malaisante, gênante, angoissante, une mise en scène qui prend son temps pour développer ses idées, bref c'était plutôt bon. J'imagine que j'aurais mis sept étoiles, si la fin avait suivi.
Mais, comme je l'ai laissé entendre plusieurs fois, ce n'est pas du tout le cas. En quelques secondes, toutes les informations données depuis l'arrivée au château s'assemblent comme les pièces d'un puzzle, laissant entrevoir l'horreur de la conclusion de ce film... Un twist final très peu inspiré et paresseux. Une fin totalement incohérente, mais rendue possible par la fameuse technique du "Ta gueule, c'est magique" car le scénariste ne savait pas comment terminer son histoire.. Comme quoi, peut-être que A Cure for Life, à sa propre image, est une anguille... On pense jusqu'au bout qu'on va l'attraper, et puis elle nous glisse entre les doigts au dernier moment.