A Dangerous Method par Artobal
Ne sachant pas ce que vaut le roman, je ne puis évidemment en juger, mais quant au film et à sa raison d'être, c’est bien simple : il y avait un roman à adapter. Le sort hélas a voulu qu'il raconte l'histoire de Sabina Spielrein plutôt que celle d'Anna Freud, qui aurait fourni a priori un sujet bien plus intéressant.
Au final un film qui ressemble au milieu qu’il dépeint, bourgeois et névrosé, mais avec une retenue toute viennoise, qui ne prête pas à conséquence, un peu comme la tapisserie dans le cabinet de Freud : une chose qu’on regarde avec sérieux sans y prêter le moindre intérêt.
Il me vient une idée pour expliquer ce film, c’est qu’il s’agit possiblement d’une autobiographie déguisée de Cronenberg, qui ne dédaignerait pas à coup sûr s'imaginer en Jung : un bourgeois très respecté et respectable, intellectuel sérieux qui cultive dans son jardin secret un côté sexe "méchant" très opposé à son apparence policée. Tiraillé entre deux tendances, l’une qui le ramène aux instincts morbides (le sexe et la maladie), l’autre à la reconnaissance de l'auteur chic et cultivé, il nous impose cet exercice en nous disant : "cet homme compassé, aux poses dépressives, c’est moi". Au final, cet entre deux lui convient assez bien et il a l’air content de lui, mais c’est à peu près tout le bénéfice de l’opération.