La théorie et la pratique
Au début du film, Karl Jung (Fassbender) explique qu'il est le premier à mettre en pratique les théories de Sigmund Freud (Mortensen) sur la psychanalyse. Par chance (ou manque de celle-ci), sa patiente, c'est Keira Knightley, donc elle est bonne (physiquement, du moins, parce que la notion de surjeu prend facilement tout son sens, sinon).
Le film, axé sur les tenants et les aboutissants de la psychanalyse, fonctionne sur ce diptyque: d'un côté, Jung qui s'expose, cherche à sortir des cadres, incité qu'il est par ces vils tentateurs que sont Otto Gross (Vincent Cassel) et Sabina Spielrein (Knightley), de l'autre, Freud, qui impose lesdits cadres et les rigidifie. En soi, cette binarité a d'ailleurs quelque chose de freudien, (oh oh oh, quelle surprise). Il en résulte un film bâti sur les échanges entre les deux médecins, et donc assez bavard, dans un bon, comme dans un mauvais sens. Dans un bon sens car tout cela est franchement passionnant, on sent que Cronenberg était lui-même captivé par son sujet, et c'est clairement la partie réussie du film ; dans un mauvais sens car ce qui est gagné en échanges intellectuels est perdu en subtilité. L'impression qui se dessine assez vite d'un pôle "Ca" incarné par les persos de Vincent Cassel & Keira Knightley vs. le pôle "Surmoi" incarné par Mortensen (et l'épouse Jung blonde psychorigide dont le nom m'échappe right now), sur cette pauvre âme en proie au doute qu'est Carl Jung, c'est efficace mais pas forcément très fin, et pas servi par la sensualité exacerbée qui caractérise en général Cronenberg (l'image est jolie mais froide).
C'est pas nul, mais après le high level établi par History of Violence et Eastern Promises, on reste un brin sur sa faim.