Quand Chabrol goûte à la perversité.

Troisième film de Claude Chabrol, c'est également le premier qui signe sa collaboration avec Paul Gégauff. Ce dernier aimait apporter de la perversité, un côté tordu à ses histoires, tandis que Chabrol va commencer à parler de la bourgeoisie de province, en l'occurrence à Aix-en-Provence, mais en la dynamitant de l'intérieur.


Dans une bâtisse reculée vit une famille bourgeoise qui n'est pas comme les autres. Tout d'abord, la bonne, incarnée par Bernadette Lafont, ouvre ses volets en petite tenue, ce qui ne manque pas d'attirer les garçons du coin, dont le laitier, mais sans que ça ne la dérange qu'on la voie ainsi. Ensuite, le mari vit une relation adultérine avec une jeune italienne, mais aussi bizarre que ça puisse paraitre, son épouse l'accepte, à condition qu'ils soient discrets. Enfin, la fille du couple est courtisée par un jeune homme, joué par Jean-Paul Belmondo, qui en fait des tonnes dans la vulgarité et l'outrance, et qui n'hésite pas à mettre les pieds dans les plats. Tout cela sous le regard du frère, qui ne va pas supporter tout ça, et surtout que sa mère soit humiliée ainsi...


Rarement le cinéma de Chabrol ne sera aussi lyrique, avec des mouvements de caméras d'une grande ampleur, et des échappées folles comme le couple adultérin qui va gambader et batifoler dans un champ de coquelicots. Mais c'est également un grand exercice de style à la Hitchcock, qui parle parfaitement du whodunit, car il y a bien un meurtre, qui constituera la dernière partie du film.
En fin de compte, même si son rôle est plutôt secondaire, Jean-Paul Belmondo est hilarant en glandeur qui, accompagné de son pote d'origine tchèque, fait les 400 coups, jure devant sa future belle-mère, qui ne sait plus où mettre son éducation bourgeoise, et consterne tout le monde par son attitude, y compris sa fiancée qui le verra tout nu dans la salle de bain, plan historique où on voit les fesses de Bébel !


Le grand numéro de Belmondo emporte tout, y compris l'enquête policière, et la description de cette société bourgeoise, mais il faut souligner les autres acteurs, dont Jacques Dacqmine et Madeleine Robinson (le couple bourgeois), qui sont les véritables héros du film.
Mais rien qu'à la présence de Paul Gégauff, on voit un changement de personnalité dans le cinéma de Chabrol entre ses deux premiers films et celui-là...

Boubakar
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le 1 sept. 2016

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