Le démon du midi
Troisième long-métrage du jeune Claude Chabrol, "A double tour" est l'un des premiers films estampillés "Nouvelle vague", sorti quelques mois à peine après "Les quatre cent coups". Et divine...
Par
le 31 mai 2022
10 j'aime
1
Par sa modernité de ton et d'interprétation (et parce qu'il est en couleur), ce récit chabrolien de turpitudes bourgeoises tranche, à son avantage, avec les drames bourgeois d'une autre école (celle de la "qualité française"). Claude Chabrol ne réalise pas ici un chef-d'oeuvre de la Nouvelle vague mais son ironie et son audace dans les portraits, la force et l'âpreté de certaines séquences, concourent pour faire d'"A double tour" un drame satirique détonnant.
L'action se passe pour l'essentiel dans une maison bourgeoise. Le père de famille, le notable Marcoux, vit une passion désormais sans partage avec Léda, une jeune voisine étrangère; le fils lorgne sur la bonne et la fille s'est entiché d'un aventurier a priori frivole (Belmondo, déjà désinvolte et talentueux); tandis que la pathétique maîtresse de maison (excellente Madeleine Robinson) tente à tout prix de sauver les apparences. Elle personnalise, d'une certaine façon, la bourgeoisie de province comme la voit et la verra toujours Chabrol, soucieuse de respectabilité et des convenances, enfermant sa famille dans le conformisme social et moral de sa classe.
Le drame à venir
-le meurtre de
Léda qui incarne, elle, par sa liberté et sa séduction, un contre-modèle de la bourgeoisie- stigmatisera les frustrations du bourgeois et les choix plus ou moins légitimes que chacun fait pour échapper aux obligations de son milieu. Avec au passage cette scène superbe, d'une rare violence morale où l'époux déverse en des qualificatifs haineux tout son mépris et son désamour au visage de sa femme
.
La résolution de l'intrigue et la
découverte de l'assassin de Léda
comptent manifestement moins que la démonstration satirique de Chabrol que d'aucuns trouveront caricaturale mais dont les autres apprécieront les métaphores intelligentes, la nouveauté et sa parfaite et précise mise en scène.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Claude Chabrol
Créée
le 20 oct. 2024
Critique lue 3 fois
D'autres avis sur À double tour
Troisième long-métrage du jeune Claude Chabrol, "A double tour" est l'un des premiers films estampillés "Nouvelle vague", sorti quelques mois à peine après "Les quatre cent coups". Et divine...
Par
le 31 mai 2022
10 j'aime
1
Troisième film de Chabrol qui va égratigner une famille bourgeoise des environs d'Aix-en-Provence, A double tour n'atteint pas la pertinence des futurs drames bourgeois chabroliens mais la mise en...
Par
le 18 août 2016
4 j'aime
La caractéristique principale de ce film, c'est de manquer de tous les éléments d'un bon film "who did it" et d'une bonne critique sociale. Entre Belmondo apôtre de la vérité rigolarde face au couple...
le 5 déc. 2016
3 j'aime
Du même critique
Trois amies, dont l'une, interprétée par India Hair, occupe le devant de la scène de façon plus grave, se débattent dans les nombreuses formes amoureuses qu'Emmanuel Mouret met à leur disposition...
le 9 nov. 2024
1 j'aime
Associée aux rigueurs des moeurs monastiques, l'intrigue de ce qu'on peut appeler polar médiéval et religieux n'en est que plus étrange et saisissante. Le réalisme avec lequel Jean-Jacques Annaud...
le 22 oct. 2024
1 j'aime
David Ladislas (Belmondo) trafique au service d'une organisation de malfaiteurs. Cette fois, il doit convoyer au Liban une voiture chargée d'or aux côtés d'une complice (Jean Seberg)Cette comédie...
le 21 oct. 2024
1 j'aime