Bombe émotionnelle

Le deuil du vivant mais aussi et surtout celui du défunt, littéralement et visuellement emprisonné face à l’histoire de l’/son existence et de ce et ceux qu’on/il laisse derrière nous/lui. Après vingt minutes je pris la mesure de la gravité et l’intelligence du propos présenté et si l’on m’avait dit : « Ton corps va s’effondrer en larmes en regardant un film qui s’intitule ‘A Ghost Story’. » Très certainement, ma première réaction aurait été d’exploser en rire gras. Mais, prostré face à ma décomposition lacrymale, le métrage me laissait méchamment blême. Éventuellement, je pourrais user de l’ironie en vous contant qu’il m’eut fallu enchainer la trilogie musicale, ‘Pitch Perfect’ pour m’en remettre sauf que le joli petit minois d’Anna Kendrick n’y changea rien. L’émotion restait (et restera) intense face à cette histoire de fantôme.

Pour ceux d’entre nous qui ne passeraient pas la majeure partie de leur existence à courir après les chimères du capitalisme et/ou d’autres qui se sentiraient plus proches de la mort que de la vie, le film prendra plus de sens que pour l’adepte d’épouvante désireux d’être mystifié et avide de cacher un caleçon souillé de frousse au fond du panier à linge de sa maman mais sortant finalement, le faciès divisé entre rage et déception devant un orchestre émotionnel qui l’aura dépassé.

En définitive, rarement le contemplatif aura été utilisé à si bon escient et au milieu de cette rivière de silence, il y aurait, à l’évidence, une bibliothèque entière à écrire sur ce qui nous échappe le plus dans nos vies, c'est-à-dire, le temps qui passe. Le film magnifie cela en moins d’1h30 et je ne conçois aucun autre qualificatif que magistral pour le définir.

• I’m waiting for someone.


• Who ?


• I don’t remember.