C'est un conte iranien. Une histoire hors du temps, sombre et contemplative, où évolue une vampire dans les rues désertées de Bad City.
Mais c'est aussi un film état-unien où le héro, Arash, balade une dégaine de James Dean en Ford Thunderbird sur une BO qui évoque Ennio Moriconne.
Dans une interview, je comprends que la réalisatrice a fait un film à son image. Elle a grandit à Miami et a été élevée par des parents ayant fuit l'Iran lors de la révolution de 1979. Pour s'inspirer, elle compose le film de ce qui la compose : elle est skateuse, son vampire fait du skate, elle fait du rock, son vampire en écoute des vinyle la nuit chez elle ...
J'ai l'impression que ces éléments s'additionnent sans chercher à signifier quelque chose au-delà d'eux-mêmes. Ils composent des tableaux qui se veulent mémorables : les boucles d'oreille offertent à la centrale électrique, le couple assis dans la voiture et le chat entre eux qui nous regarde, la vampire en tchador qui longe doucement le mur en skate et semble flotter.
J'ai aimé voir ce film, contempler la lumière de ses scènes urbaines et industrielles, écouter sa musique. Le tourner en noir et blanc et en farsi permet de lui donner sa dimension intemporelle.
J'ai surtout aimé marcher la nuit avec cette vampire. Elle balade sa marginalité auprès de celle des autres, toxicomanes, travailleuses du sexe et dealers. Prédatrice dans son microcosme, elle se sert, tantôt justicière, tantôt meurtrière.