A History of Violence par NicoBax
J'ai enchainé le comic book avec le film et j'aurais p'tet du laisser passer un peu de temps, là je me suis rendu compte que j'ai passé pas mal de temps à chercher les différences entre les deux à défaut de plonger vraiment dans l'ambiance. Un peu dommage puisque c'est clairement l'ambiance qui fait tout l'intérêt du film.
En tout cas, on peut s'interroger sur les différentes et nombreuses adaptations opérées entre la version papier et la version filmée.
Tom Stall est en fait Joey Cusack, un ancien tueur de la mafia qui a déserté un jour et s'est refait une nouvelle vie : ça explique pourquoi il tue avec autant de facilité les deux braqueurs dans son diner. Dans la version de Wagner, il n'était qu'un jeune d'un quartier difficile qui braquait des gangsters pour payer l'opération du coeur de sa grand-mère, on faisait mieux comme tueur de sang froid. Mais du coup, ça devient plus facile d'imaginer la métamorphose de Cusack en Stall si, viscéralement, Cusack était un tueur. Du coup, dans les deux cas, il y a un déséquilibre. Et je me dis que finalement, le personnage de Wagner était plus intéressant que celui de Cronenberg : un mec ordinaire qui devient par la force des choses et pour protéger sa famille un tueur.
Heureusement, Cronenberg a l'excellente idée de remanier entièrement le personnage de la femme de Stall (jouée ici par la très très très belle Maria Bello ) en en faisant une femme forte et maitresse de sa vie qui perd pied à la découverte de la vérité et non pas un chiffon complètement soumis comme dans la version de Wagner où elle accepte tout sans moufter. Elle m'avait passablement gonflé alors que j'aime beaucoup le personnage de Maria Bello.
Mais comme dans le comic book, je trouve que tout va vraiment trop vite. Ed Harris, pourtant très bon, n'a pas assez d'espace pour installer son inquiétante stature, la conclusion arrive beaucoup trop vite, elle n'a pas assez son caractère inéluctable. Quant à la confrontation... Assez grotesque. On retrouve le gout de Cronenberg pour le sang, les scènes d'action sont d'ailleurs réussies mais niveau intensité des rapports, il a fait beaucoup beaucoup mieux plus récemment dans "Eastern Promises".
Et que dire de la fin. On m'en avait parlé en la critiquant beaucoup. S'il s'agit de la dernière scène, moi elle me plait bien. Beaucoup plus que celles qui la précèdent, les non-dits sont bien meilleurs que les dialogues pour le coup. Un peu frustrante mais elle laisse place à l'imagination.
Sinon on peut aussi un peu s'interroger sur l'idée mise en avant dans "A History Of Violence" en général : une sorte d'impunité du crime quand il s'agit de défendre sa famille. Encore plus dans la version de Cronenberg où Stall/Cusack devient un justicier solitaire comparé à celle de Wagner, il est dépassé par les évènements, cherchent son salut auprès de la justice et de la police (qui lui signifient quand même clairement qu'il a fait du bon boulot). Un peu limite cette idéologie.