En 2005, Cronenberg nous offrait son premier film véritablement "mainstream", inspiré d'une BD réputée, et nous surprenait par le relatif classicisme de son récit. "Relatif" parce que le thème profond du film (deux êtres en un) résonnait idéalement avec les sujets de prédilection du Cronenberg "marginal" de naguère. La force de "A History of Violence" est indiscutablement l'intelligence de son écriture, qui ne sacrifie - presque - jamais aux clichés hollywoodiens, et la subtilité - habituelle chez Cronenberg - de sa direction d'acteurs : Mortensen y prouve qu'il peut aussi être grand, son regard explicitant brillamment sa schizophrénie, sans aucun de ces excès dans lesquels tombent beaucoup des meilleurs. Si ce n'était une théâtralité inutile (et grotesque) dans la partie "philadelphienne", "A History of Violence" - avec sa belle et juste dernière scène montrant l'impossibilité d'un "happy end" - serait un film parfait, mineur certes, mais parfait. [Critique écrite en 2011]