À l'origine prévue pour être adaptée par Stanley Kubrick, la nouvelle "Supertoys" de Brian Aldiss a finalement échouée dans les mains de son ami Steven Spielberg, plus apte selon Kubrick à mettre en images conte fantastique futuriste. A.I. est avant tout un des rares films écrits par Spielberg lui-même, même s'il est basé sur une ébauche de scénario confectionné par Kubrick, ce qui fait du long-métrage l'œuvre de deux metteurs en scène.
Calqué sur l'histoire fantasque de Pinocchio, A.I. est donc scindé en plusieurs parties : la naissance de David, robot-enfant unique doté de sentiments, son périple pour trouver la Fée Bleue qui le transformera en un vrai petit garçon, et l'épilogue de sa mésaventure. La première partie nous entraine dans un monde futuriste au final très proche où notre jeune héros s'adapte difficilement à un nouvel univers : la vie de famille. La suite l'emmène dans un monde violent et sans pitié, un monde où ses semblables sont traqués et rejetés comme des parias.
L'occasion pour Spielberg de mettre en avant son goût prononcé les effets spéciaux multiples où androïdes à demi-massacrés et décors colorés se rejoignent dans un festival d'images de synthèses alliant originalité et mauvais goût. Plutôt longuet, le film s'éternise sur une fin dramatique et Spielberg retombe hélas dans un sentimentalisme raté en dévoilant un épilogue ennuyeux et sans intérêt réel (l'apparition de ces extra-terrestres numériquement hideux aurait d'ailleurs pu être évitée).
Indéniablement inégal, A.I. n'en reste pas moins une œuvre de science-fiction magnifique, autant visuellement que dans son fond dramatique et poétique où de nombreuses questions subsistent : entre un être humain cruel et un robot doté de sentiments, qui est le plus humain des deux ? Brillamment interprété par Haley Joel Osment (la révélation de Sixième Sens), l'androïde David va tenter inconsciemment de découvrir la réponse à cette question et parcourir le temps pour se découvrir lui-même. L'œuvre de Kubrick et de Spielberg restera donc à jamais un film en quelque sorte inachevé mais indéniablement gravé dans nos esprits.