Le titre du roman de Steinbeck porté à l’écran est inspiré d’un verset biblique de la Genèse impliquant les fils d’Adam, Cain et Abel. Leur haine mutuelle sert de noyau à l’adaptation pilotée par le brillant cinéaste Elia Kazan. Les deux frangins prennent ici les noms de Caïn et Aron. Le premier, incarnant le mauvais garçon pécheur, vit la douleur de ne pas se sentir aimer par son père. Le second se fait une joie de répondre aux attentes du paternel qui ne vit que pour appliquer les valeurs de la Bible dans sa propre vie. Tellement que sa femme l’a quitté une fois qu’elle a mis aux monde ses deux fils pour aller ouvrir un bordel. Toute l’action se déploie autour de la détresse intérieure et la quête d’amour paternel de Caïn. Il se verra sauvé du désespoir par l’amie de cœur de son frère qui se reconnait en lui au point de transférer son amour d’un frère à l’autre. En faisant enrôler Aron dans la guerre mondiale qui sévit en 1917, l’auteur trouve une façon d’évoquer le fratricide commis par Cain sur Aron. Les nombreuses allusions au récit biblique amènent les relations entre les personnages et le narratif sur un second degré plus proche de la tragédie. Ce qui explique certains comportements pouvant paraître invraisemblables par moment. Le jeu de James Dean se prête parfaitement au ton dramatique voulu par le réalisateur qui a d’ailleurs recruté son jeune acteur sur les planches de Broadway. Un premier rôle marquant pour celui qui en seulement trois présences majeures à l’écran deviendra un immortel du 7e art.