Le succès-surprise de l’adaptation allemande de 2022 m’a fait réaliser que je n’avais jamais vu le premier film, américain, tiré du roman d’Erich Maria Remarque. C’est chose désormais réparée ! Je précise que cette critique porte sur la version restaurée et parlante de 2h13.

On y retrouve Paul et ses camarades, lycéens allemands qui décident de s’engager dans l’armée en pleine Grande Guerre. Pleinement motivés ou suivant simplement l’engouement général, ces jeunes hommes troqueront leur innocence et leur chemise contre la brutalité et les casques à pointe…

« All Quiet on the Western Front » est avant tout une œuvre antimilitariste et anti-guerre, particulièrement poignante pour l’époque. Pointant les détails sordides des tranchées, la boucherie des combats, ou l’absurdité de mourir pour son pays. Il est particulièrement ironique de voir ces éléments dans un film de 1930, alors que la décennie qui suivra sera celle de la montée du totalitarisme et du début de la Seconde Guerre Mondiale… Le film sera d’ailleurs sans surprise rapidement interdit en Allemagne.

Un film courageux donc, qui anticipe allègrement la vague d’œuvre antimilitaristes des années 70. Tandis que sa réalisation s’avère inspirée. Quelques travelings remarquables : la transition entre le défilé militaire et la classe du professeur propagandiste, déconnecté des réalités ; ces plans naviguant au-dessus des tranchées. Et des séquences de combats saisissantes pour l’époque, qui n’ont pas peur de montrer le corps à corps. Le film est sorti avant la mise en place du code de censure Hays, ceci explique sans doute cela !

Une photographie qui exploite très bien les contrastes, d’autant plus que beaucoup de scènes se déroulent de nuit ou dans des abris. Avec quelques gros plans intenses qui rappellent le cinéma muet. Là encore, peu étonnant puisqu’il existe une version sans dialogue parlé.

Comme la version 2022, le film souffre de ne pas avoir réellement d’intrigue, puisqu’il s’agit d’une chronique. Ce qui entraîne certaines longueurs. D’autant plus que l’on a au départ du mal à voir se détacher les protagonistes.

Néanmoins cela est compensé par beaucoup d’humanité, qu’il s’agisse de situations terrifiantes (le plus souvent) ou de passages montrant que l’humanité passe aussi par la camaraderie.

Une belle œuvre, toujours aussi pertinente.

Redzing
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films sur la Première Guerre mondiale et Les meilleurs films des années 1930

Créée

le 24 févr. 2023

Critique lue 19 fois

1 j'aime

Redzing

Écrit par

Critique lue 19 fois

1

D'autres avis sur À l'Ouest, rien de nouveau

À l'Ouest, rien de nouveau
pphf
8

De boue les morts

♪Moi, mon colon, celle que j’préfère, c’est la guerre de 14-18 ♫ (G. Brassens) A l’ouest, rien de nouveau occupe une place historique considérable. A plus d’un titre. 1930 La dernière guerre, la «...

Par

le 4 avr. 2015

32 j'aime

À l'Ouest, rien de nouveau
Lilange
8

Misery is a butterfly

“Héros de demain, levez-vous pour votre mère Patrie” Cette idée résonne et bouillonne dans les têtes fraîches et les corps vigoureux de ces jeunes écoliers, naïfs et impressionnables. «Allons-y...

le 19 sept. 2018

28 j'aime

8

À l'Ouest, rien de nouveau
Sergent_Pepper
8

Sa jeunesse ne fut qu’un ténébreux ravage…

Formidable leçon dans le carton initial que cette citation du prologue de Remarque dans son livre, dont le film est l’adaptation : This book is to be neither an accusation nor a confession, and...

le 6 mai 2018

27 j'aime

2

Du même critique

Athena
Redzing
7

Les Trois Heures du Condé

« Athena » semble avoir divisé son public. Entre ceux qui y ont vu enfin un film français flamboyant à la mise en scène ambitieuse, et ceux qui ont pointé du doigt un film vide de sens, destiné à de...

le 29 sept. 2022

33 j'aime

4

Sisu - De l'or et du sang
Redzing
7

Finnish him !

A travers cette histoire d'orpailleur vagabond harcelé par les Nazis, Jalmari Helander livre un hommage assumé au premier Rambo, dont il reprend la structure narrative. Ici, notre homme est un ancien...

le 29 mai 2023

23 j'aime

3

Le Dernier Mercenaire
Redzing
2

Et pourtant il l'avait prédit...

En 2001, alors qu'il fait la promo de "Replicant", Jean-Claude Van Damme est invité sur un plateau télé français. Il expose, dans un franglais plus ou moins cryptique, les principes de ce qui...

le 30 juil. 2021

18 j'aime

15