Relativement convaincu par le premier film d'Andréa Bescond et Eric Metayer, j'attendais de voir ce qu'allait donner cette production télé concernant cette fois les violences conjugales, dont l'angle me paraissait intéressant. Moins d'audace, mais aussi plus de maîtrise que dans « Les Chatouilles », où les séquences fantasmées et le rap lourdingue avait tendance à prendre une place trop importante. Ici, les allers-retours entre « vie de couple » et les conséquences de la tentative de meurtre sont fluides, cohérents, permettant d'avoir une vision large, claire des événements, évitant le pathos ou le larmoyant, avec un bémol toutefois sur la métaphore « tauromachiste », appuyée tout en restant pertinente.
Marie Gillain excelle en femme forte et indépendante brisée presque méthodiquement par son compagnon, où Alexis Michalik se révèle aussi crédible en pervers manipulateur qu'en grand séducteur pouvant totalement faire illusion au départ. Les seconds rôles, en revanche, se révèlent plus banals, cette grande bienveillance de la part de presque tous apparaissant difficilement crédibles (Bescond s'en sort toutefois le mieux grâce à son évidente personnalité). Le « problème », bien que les réalisateurs soient suffisamment habiles pour que cela passe à peu près, c'est le côté assez manichéen du récit.
Attention, je ne dis pas que ce genre d'hommes n'existe pas, loin s'en faut : j'en suis même absolument convaincu. J'écris simplement que pour le spectateur, le fait que le protagoniste masculin soit entièrement négatif et le féminin entièrement positif enlève beaucoup d'ambiguïté, de complexité au récit même si, je l'entends, ce n'était pas le but initial. « À la folie » s'inscrit ainsi dans cette lignée #MeToo très à la mode, honorable et respectable, mais logiquement de plus en plus commune à force de se multiplier. Maintenant, même si, à titre personnel, j'ai toujours du mal à comprendre comment des femmes aussi intelligentes peuvent accepter ça, et ce parfois pendant des années, le téléfilm reste habile, efficace et intelligemment construit, convaincant dans sa dramaturgie comme ses enjeux, notamment grâce au talent de son duo « vedette ».