Malheureusement ce film est juste. Très juste.
Le film n'a pas pour sujet de montrer comment le personnage de Damien est devenu ce qu'il est devenu, et cela n'est pas dommageable puisque le vrai sujet est la relation fermée, close, hermétique entre le prédateur (au sens de celui qui se nourrit, qui pille littéralement de l'énergie vitale de l'autre) et sa victime.
Bescond et Metayer ont ciselé leur écriture du mécanisme de verrouillage de la pensée, l'absence d'inscription dans le temps de la relation, le cercle perpétuel de l'agir de l'agresseur, l'aplatissement dans un insupportable présent, les hiatus entre les discours des avocats et leur capacité d'action, la solitude de ceux qui voient, la saturation de l'intime extimisé, la vie sexuelle réduite aux viols répétés.
Le pervers qui donne à sa victime pourtant toutes les clés pour en sortir, et qui par une savante orchestration de sa posture ne lui permet pas d'agir, jusqu'au geste définitif.
Michalik sert brillamment la perversion, le film de Bescond - Metayer à lui tout seul montre l'effet des injonctions contradictoires, les actes et paroles simultanées, anodines, dégradantes servies comme des compliments, les incertitudes, les déséquilibres chez la victime que Gillain campe fort bien.
A l'image de l'évolution du toréador jouissant, qui plante ses bandrilles peu à peu, il y a l'hameçonnage qui détruit le palais, la victime à terre n'a pas d'autre alternative : mourir ou tuer
Il n'y a rien à ajouter : point de fantasmes, que du réel. L'horreur domestique de la violence invisiblement criante.