C'est le titre original du film de John McTiernan. Pour une fois je lui préfère le titre français, plus ambigu, plus mystérieux.
Je n'ai pas lu le roman qui est à la base du scénario mais c'est un film qui a un fond (sans jeu de mot pour un film qui parle de sous-marins …) qui m'a toujours paru assez amusant. Il est sorti en 1990 – en pleine ère Gorbatchev – mais est précisément daté de 1984 où l'officiant du Kremlin était l'éphémère Tchernenko. Ouf, on était bien encore pendant la guerre froide. C'était moins une. C'était une époque où l'URSS faisait encore un peu illusion en matière de technologie avancée même si la façade commençait à sérieusement se lézarder.
A cette époque maintenant lointaine, les services spéciaux américains suivaient comme le lait sur le feu les moindres mouvements de l'ennemi potentiel ou officiel à travers un réseau de sonars dans la mer, de satellites, d'écoutes, d'espions dépêchés sur place. Alors l'info qu'un nouveau sous-marin équipé d'une "chenille" rendant la propulsion silencieuse était bien de nature à créer des insomnies chez les paranoïaques de la CIA. "Chenille" qu'ils n'avaient pas été foutus d'inventer, d'ailleurs. Heureusement, si les américains n'ont pas de "chenille", en revanche ils ont des idées et à partir de juste un petit cliché complètement merdique, ils ont su deviner et les détails et les intentions des camarades les permettant d'entrer en scène pour une partie d'échecs … sous la mer.
Spoiler : qu'ils vont bien évidemment gagner. Le film est américain et McTiernan certainement pas payé pour faire perdre ses compatriotes.
On l'a compris, c'est bien un film d'espionnage où on frôle encore une fois la cata absolue à savoir l'attaque nucléaire des côtes US, pour laquelle les Etats-Unis, toute honte bue, n'ont pas de parade.
C'est aussi et surtout un film de sous-marins. Je ne crains pas les films de sous-marins. Les actions y sont nombreuses mais, l'espace étant confiné, restent souvent d'ordre tactique ; du coup, moins visibles, elles nécessitent un effort d'imagination du spectateur. Par contre, ce qui est bien visible, ce sont les coups de la partie d'échecs qui se joue entre les nations ou entre les sous-marins. Mais surtout, le confinement en milieu pressurisé voire silencieux, génère une angoisse et donc un suspense très efficace. Même si, ici, on ne verra pas les fameuses scènes où on "sent" les coutures du navire commencer à craquer et l'eau commencer à pénétrer.
Le film de McTiernan ne se contente pas d'évoquer la lutte entre les pseudo-belligérants. Il introduit divers éléments que j'appellerai "grand public" où le petit capitaine (analyste de la CIA, en fait) dame le pion aux grosses légumes du Pentagone en pleine réunion mais obtient l'assentiment de l'adjoint du président (le parfait politicard très fûté comme il se doit) …, où le même petit capitaine est H24 sur le pont depuis des mois tout en restant génial et où les travers des soviétiques (costumes, formalisme des personnages) sont un peu poussés à la caricature, …
Côté casting,
Sean Connery est très bon en commandant du sous-marin soviétique et dans l'art de la manipulation de son équipage. Toujours son regard qui donne l'air de se foutre de la gueule du monde. J'aime.
Le petit capitaine qui ne dort jamais, toujours sur la brèche, toujours un coup d'avance aux échecs, c'est Alec Baldwyn. On devine presque une sorte de relation filiale entre Baldwyn et Connery. En effet, pendant la durée du film, Baldwyn (américain et astucieux) croit, contre tous, comprendre le personnage joué par Connery et cherchera à le défendre.
Le film est indéniablement captivant. L'astuce de McTiernan d'introduire quelques dialogues en russe avant de les transformer subrepticement en anglais (ou en français pour la VF) donne un petit cachet d'authenticité (pour pas cher)