Sauf si ma mémoire me fait faux bond, je crois que ce fut la première fois que je m'ouvrais au cinéma vietnamien. Et j'avoue que ce ne fut pas désagréable du tout. Après, la question est de savoir si le cinéma de Tran Anh Hung (du moins la fausse trilogie Cyclo, A La Verticale de l’Été et L'Odeur de la Papaye Verte) est réellement représentatif du cinéma vietnamien. Donc si quelqu'un a la réponse ou un avis sur la question, je suis tout ouïe.
Pour ma part, je n'ai pas ressenti de réelle identité vietnamienne dans ces films. J'y ai retrouvé d'autres types de cinéma asiatique mais pas de "patte" vietnamienne. J'ai retrouvé du cinéma taïwanais avec notamment les films de Hou Hsiao Hsien ou le cinéma japonais de Naomi Kawase (qui n'est pas représentatif du cinéma japonais, je le conçois) ou encore des scénarios qui sont dans le même ton que ceux de Wong Kar Wai. Peut-être que cela est dû au point de connexion qui existe entre la plupart (Naomi Kawase n'est pas concernée), cette connexion étant Mark Lee, que j'ai eu la joie de découvrir dans le très bon documentaire Let The Wind Carry Me.
D'ailleurs, je préviens d'avance mais encore une fois je vais essayer surtout d'exprimer mon ressenti, ce qui bien entendu s'annoncer compliqué.. Ainsi, si vous voulez un analyse profonde de la forme ou du fond, je vous conseille de passer votre chemin ... Ou de rester, soyez sympa !
Par ailleurs, à l'heure actuelle je n'ai pas encore vu L'Odeur de la Papaye Verte, mais ça ne saurait tarder. Ainsi, la critique sera essentiellement sur A La Verticale de l’Été mais connaîtra parfois quelques retours sur Cyclo.
En faite, par le biais de ces films, j'ai tout d'abord découvert le Vietnam, pays dont, il faut se l'avouer, je ne connais pas grand chose, tant au niveau de sa culture, du mode de vie de ses habitants etc.. Les deux films m'ont donc fait découvrir des choses mais en même temps, un certain contraste entre les deux me laisse un peu perplexe. Dans Cyclo, la vie est compliquée, dure et injuste. Les protagonistes tentent non pas de vivre mais de survivre. Et on peut aussi noter une certaine présence constante de la violence. A l'inverse, dans A La Verticale de l’Été, la vie est incroyablement douce et légère, même lors des moments compliqués pour les personnages. Les relations entre individus sont "pures". Je ne tire pas de conclusion sur le mode de vie en me disant "Il est plus comme Cyclo" ou "Je pense que c'est semblable à A La Verticale de l’Été". Je me plais surtout à croire que les deux existent, et qu'ils fonctionnent un peu comme deux visages représentant le Vietnam. Je pense que L'Odeur de la Papaye Verte m'en apprendra un peu plus et je vais me renseigner dessus je pense.
Il en est de même pour les paysages qui m'ont littéralement laissé le cul par terre si je peux m'exprimer ainsi. Je pense notamment à Saïgon, Hanoï, Ho-Chi-Minh-Ville ... Les côtes (je n'ai plus le nom désolé) où l'un des maris se rend aussi .. Tout n'est pas beau à l'état pur, mais tout à un charme certain, bien plus que ma campagne française ... Additionné à cette vidéo que j'ai vu récemment - Hang Son Doong -, le Vietnam s'ajoute clairement aux destinations qui me font tout simplement rêver pour m'immerger complètement dedans.
Mais j'ai cette sale impression de parler de tout ... Sauf du film ! Qu'ai-je aimé dans ce film ? La même chose que dans Nanayomachi (oui oui, je fais de la pub à une autre de mes critiques). J'aime cette simplicité dans un film, quand c'est léger. Quand les personnages ne sont pas des personnages, qu'ils ne sont pas jouer. On peut attribuer tout ce que l'on veut à Love Exposure ou autre, mais même si je lui ai mis 10/10, je sais que ce ne sont que des personnages. Alors que là, les personnes me semblent simplement sincères.
Alors oui les plans ne sont pas toujours beaux, oui parfois c'est surjoué, oui quand on a 25ans on sait quand on est enceinte ou non.. Mais peu importe, ces erreurs font parti du charme du film. Et Naomi Kawase fait les mêmes erreurs. Et oui deux heures ça peut être long quand le scénario est aussi court mais on l'impression que pendant les moments de longueurs du film, ce sont leur vie qui en devient longue !
D'ailleurs parlant des plans, les personnes qui ont vu Let The Wind Carry Me, seront surement d'accord, mais tant de travail sur un plan aussi succinct ? Et bien ce n'est pas useless ! Ce vent passant rapidement dans le feuillage est ... juste parfait ! Et encore une fois, c'est à Mark Lee qu'on doit la réussite.
Niveau des personnages, c'est peut-être un des problèmes les plus importants, mais on galère à savoir qui est qui, et en plus il faut qu'ils s'appellent tous "Grand Frère", "Petit Frère", "Petite Sœur" ou "Grande Sœur" .. même quand ils ne le sont pas .. Mais à vrai dire, on en a pas vraiment besoin .. On comprend que Lien, Khanh et Suong sont trois vraies sœurs (on va de la plus jeune à la plus vielle) et que Hai est leur frère. Les deux autres sont les maris des deux sœurs et le reste c'est pas trop grave si on ne comprend pas. *
Les acteurs, comme dis plus haut, surjoue un peu parfois mais ce n'est pas gênant. Et ils ont tous un certain charme ou prestance. Les personnages féminins sont extrêmement bien choisi et ressemble fortement à ceux de Hong Sang Soo qui, même dans les situations délicates, sont les plus matures, les plus réels. Tran Anh Hung semble avoir accordé beaucoup de soin pour les trois sœurs. L'actrice de Lien, qui joue la sœur dans Cyclo et qui a une carrière qui se constitue des films de Tran Anh Hung, est un vrai coup de cœur puisqu'elle a énormément de charme sans jamais trop en faire.
De plus, je souhaiterais juste dire que Tran Anh Hung sait vraiment s'entourer pour les OST. Déjà la scène de boite de nuit dans Cyclo avec Creep de Radiohead m'a fait vraiment plaisir car je ne l'avais pas écouté depuis longtemps (j'en avais marre et j'en ai marre des gens qui parlent de Radiohead mais qui connaissent que Creep), mais là The Velvet Underground c’était tout aussi plaisant ! Surtout que j'ai vu que Radiohead faisait la soundtrack de Je Viens Avec La Pluie et que le guitariste de Radiohead avait fait celle de La Ballade de l'Impossible, autres films de Tran Anh Hung.
Mais voilà .. Je regarde ce film et je vois un homme et sa sœur se levant de bon matin, avec Lou Reed à la radio, le soleil rentrant dans leur appartement (qui est trop cool d'ailleurs).. Moi le lendemain, je me lève et je vous assure que c'était pas aussi gracieux et beau !
D'ailleurs, sujet à réflexion en parlant de La Ballade de l'Impossible, mais après avoir lu le bouquin, je n'aurais pas pensé à Tran Anh Hung pour l'adapter .. Le rendu est très bien, vu que c'est un de mes films préférés, mais je n'aurais pas envisagé aux vus de ses films précédents qu'il puisse faire correspondre son univers à celui de Murakami. Au final, il est vrai que l'univers de Tran Anh Hung est assez effacé dans La Ballade de l'Impossible, même si au final on retrouve la chaleur dans les plans insignifiants et leur beauté. Je pense aux différents réveils de Lien et quand elle danse dans l'appartement dans A la Verticale de l’Été et toute l'ouverture de La Ballade de l'Impossible avec notamment le plan de Naoko (Rinko Kikuchi) qui nage dans la piscine la tête posé sur Kizuki.
Au final .. Je pense que vous avez pu saisir l'idée de ce que j'ai aimé dans ce film ! Comme vous avez pu ne pas la comprendre. J'ai l'impression d'avoir très peu parlé du film .. Désolé. La critique s'étoffera peut être au fil du temps. Mes propos ne sont pas construit et écrit au fil de la plume, je le sais .. Mais je ne pense pas que les organiser vous aidera à mieux comprendre mon ressenti. Peut-être que au final, la critique n'est compréhensible que de moi-même. Je ne sais pas. Si vous avez votre avis à donner dessus, je suis ouvert à tout ce que vous avez à dire. Et puis, l'idée à retenir restera que les paysages en France ... Bah c'est nul !
- Après les informations récentes d'une amie vietnamienne, il y aurait une coutume qui consisterait à appeler ses cousins et cousines : frères et sœurs. Prenons un exemple car c'est compliqué : deux frères ont un enfant chacun. Théoriquement, en France, les deux enfants sont cousins, mais au Vietnam ils seront frères. Avant d'inclure la difficulté, nommons les : Père #1 : Dédé / Père #2 : Gégé / Fils de Dédé : Ronald / Fils de Gégé : Gus. Admettons que Dédé soit le grand frère de Gégé, alors Ronald sera le grand frère de Gus, même si Gus est né avant.