Beau sujet, finalement peu traité au cinéma : trois femmes s'étant liées d'amitié à Auschwitz se retrouvent seize ans plus tard pour passer un week-end ensemble. Largement autobiographique (par la mère du réalisateur), « À la vie » a beau garder une facture un peu trop télévisuelle et lisse, il sait retranscrire l'atmosphère de l'époque avec délicatesse et sobriété, notamment à travers cette lumière utilisée avec beaucoup d'élégance, tout en ayant le grand mérite de ne pas céder aux flashbacks « concentrationnaires » qui eurent grandement alourdi le propos. Rien de simpliste, que ce soit dans le lien complexe qui unit les héroïnes que les questions qui sont posées, parfois de façon un peu trop artificielles mais toujours avec délicatesse, sans jugement.
Faut-il parler de ce qui s'est passé dans le camp ? Tromper un mari castré est-il vraiment lui être infidèle ? Les atrocités vécues amènent-elles à produire un schéma précis dans notre vie sentimentale ?
Jean-Jacques Zilbermann ne prétend pas avoir la réponse et a le grand mérite de nous amener à forger notre propre opinion, chose suffisamment rare pour être signalée. Enfin, que ce soit pour les seconds rôles masculins que les premiers rôles féminins, aucune faute, à l'image de l'émouvant trio Julie Depardieu - Johanna ter Steege - Suzanne Clément, avec un petit (gros) faible pour la dernière concernant votre serviteur. Un joli film.