Guédiguian se définit lui-même comme "cinéaste de quartier" (soit le chef d'une bande d'acteurs et de techniciens rodés à sa méthode), mais il se révèle surtout avec ce touchant "A la Vie, à la Mort" comme un observateur concerné, voire le poète des petites gens, d'ici ou d'ailleurs, profondément atteints par la crise, les mutations, l'étiolement des valeurs et des idéaux populaires : en rendant un bel hommage (non sans humour et grandeur) à la force des faibles qui est comme la vitalité du chiendent, en prouvant que la fidélité à soi-même est d'abord une fidélité envers les autres, Robert Guédiguian se place d'emblée entre Renoir, Pagnol et Loach, et ouvre une autre voie pour le cinéma français. [Critique écrite en 1995]