A Man
6.5
A Man

Film de Kei Ishikawa (2022)

A Man fait partie de ces longs-métrages nippons à vouloir peindre tout un tableau de la société du pays du Soleil-Levant, avec des apparences qui se révèlent trompeuses, aussi en multipliant et en diversifiant les zones géographiques comme cadres de l'action, les couches sociales de la société et les diverses époques (flashbacks inclus en conséquence !), à partir d'un simple fait divers, dont le résumé est accrocheur comme ce n'est pas permis (ici, une jeune veuve qui s'aperçoit, après le décès de l'être qu'elle a aimé, que celui-ci s'est fait passer pour quelqu'un d'autre !).


Ce concept a fourni quelques magistrales heures au septième art par le biais de pépites comme Le Détroit de la faim de Tomu Uchida, Le Vase de sable de Yoshitarō Nomura, ou encore (du moins, en ce qui concerne les couches sociales !) Entre le ciel et l'enfer d'Akira Kurosawa.


Reste que le film ici critiqué n'est pas du tout à la hauteur de ses prestigieux aînés.


Bon d'abord parce qu'il met en scène une des morts accidentelles les plus foireuses de l'histoire du cinéma. Le type a dix fois le temps de se rouler sur le côté avant que l'arbre lui tombe sur la gueule. C'est tellement ridicule sur le plan de la crédibilité que je n'ai pas pu m'empêcher de penser immédiatement au gag du rouleau compresseur dans le premier Austin Powers.


Ensuite et surtout parce qu'il fait l'erreur de ne pas suivre entièrement, du début jusqu'à la fin, le point de vue de l'avocat (on ferait donc connaissance des autres personnages à travers lui, en les écoutant en même temps que lui !), véritable protagoniste de l'histoire. De bien prendre le temps de creuser ses relations conjugales décevantes, sa vie de père de famille insatisfait, son évolution psychologique au cours du récit (l'ensemble étant trop dispersé dans la diversité des points de vue pour cela !) pour que la fin ne paraisse pas sortir de nulle part, au tout dernier moment. Que le racisme que provoquent ses origines coréennes soit plus intégré (pas uniquement au détour d'un seul personnage !), que cet élément donne l'impression de servir à rien, que ça n'aurait rien changé globalement s'il avait été supprimé, alors qu'il y avait matière à s'en servir pour approfondir le truc ainsi que le caractère concerné.


Si les rebondissements et les révélations de l'enquête maintiennent l'intérêt jusqu'au bout, par rapport aux thématiques prédominantes de la disparition volontaire et du changement d'identité, les motifs psychologiques du personnage principal auraient mérité d'être mieux exploités.


C'est dommage, car il y avait le potentiel pour ajouter une autre grande œuvre (avec les particularités scénaristiques évoquées dans le premier paragraphe de la critique !) au paysage cinématographique japonais.

Plume231
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le 29 janv. 2024

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