À moi seule par Hugo Harnois
Il y a des films français qui ne font pas beaucoup de bruit, qui arrivent sur nos écrans sans que l'on sache trop ce qu'il en est. Et lorsqu'on quitte la salle, on est surpris, étonné d'avoir vu une oeuvre riche, intéressante, et très bien traitée. À moi seule fait partie de cette catégorie de films.
On y rencontre Gaëlle, une adolescente qui s'est enfuie de chez Vincent, son ravisseur qui l'a retenu plus de huit ans. Aucun suspens donc puisque l'on sait dés le début qu'elle va s'en sortir, mais de la tension, et la tentative d'être le plus juste possible. D'abord par le récit, comportant une mise en scène des plus épurées. Très peu de mouvements de caméras, mais beaucoup de champs contre champs classiques, laissant admirer les différents duels des personnages. Par les dialogues ensuite, très bien écrits. De nombreux silences accompagnent cette narration pour souligner cette atmosphère pesante, mais l'écriture n'en garde pas moins son importance en étant tout à fait crédible. Enfin si le film est si juste, c'est grâce à l'interprétation de ces deux acteurs : Kateb et Bonitzer. Alors que leurs rôles sont assez complexes, ces derniers arrivent à leur donner une profondeur et une certaine empathie.
À moi seule ne nous explique pas pourquoi les choses se sont passées comme cela, mais comment. À nous de faire notre propre interprétation sur les motivations de Vincent. Quant à Gaëlle, on sent qu'elle cherche désespérément à trouver son identité, notamment en changeant de couleurs de cheveux régulièrement. De plus, on voit qu'elle est tout autant prisonnière avant sa libération qu'après. Mais ce qui frappe le plus est bien la relation qu'elle entretient avec son ravisseur. Il est très dérangeant de voir que tous les deux ont conscience de leur statut : l'un kidnappeur, l'autre prisonnière, mais qu'ils peuvent avoir leurs petits moments agréables malgré tout. Car finalement, chacun n'a que l'autre sur qui compter.
Dernier point qui fait d'À moi seule une oeuvre singulière : celui de la musique. Il est plutôt rare d'entendre une bande originale si présente dans ce genre de films « indépendants ». Et pourtant, le mariage des deux marche à la perfection. Merci donc à Florent Marchet pour cette musique à la fois mélancolique et harmonieuse , qui j'en suis sûr, ne laissera personne indifférent.
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