Pialat est un mauvais démiurge. Au sens de Cioran; celui qui au gré de ses oscillations, virevoltements pernicieux et omniscients, orchestre ou insinue dans toutes les allègresses, les possibles de la déliquéscence et du parfait désarroi. Celui dont l'absence, ronflante, autorise les présences à l'hystérie, débauche enfin ces succédannés de placidité, crispe et exalte les tribulations et acrimonies qu'on aimait à voir demeurer mutiques.
Puis le retour, Parousie de son cinéma, Apocalyspse, la révérance des éminences grises, le fiel, l'animadversion, la pensée, désentravés, disposant et déterminant leur réel, l'auteur du tumulte, le créateur de cette Géhenne, et sa morgue, sa vérité, pontifiantes, matérialisées en ces paroles éreintantes et acérées qu'il sermonne, où, au moyen d'un champ histrionique, lui, seul, Pialat, éminent contempteur de Ses créatures, l'unique sagace au devant d'une éschatologie certaine, qui se colète à la matière, spécieuse et confondante, d'un contrechamp mâtiné d'un navrement tacite et d'une décadence heureuse, il avait conspiré, par la lâcheté de son éspérance et la témérité de sa condescendance, d'un evol fuagce et damnant, à légitimer, consacrer tous les élans- ô vous qui vous savez si nobles, vertueux et lucides, les votres n'en sont pas epargnés- qui s'évertuaient à se dérober à la fin de l'Histoire.
À Pialat, Adieu.