Pialat / Bonnaire : rencontre au sommet !
Il est temps de rétablir une vérité : non, le film sur l'adolescence des années 80 n'est pas "La Boum" (et encore moins "La Boum 2") ! "A nos amours", sorti après les bluettes qui révélèrent la délicieuse Sophie Marceau, est, sur un thème similaire (pour aller vite, disons qu'il s'agit toujours de dépeindre la fameuse crise de l'adolescence) bien plus pertinent et percutant.
Il faut être cependant honnête et avouer d'emblée que le propos de "La Boum" était de divertir avant tout ; mais il y avait néanmoins une (modeste) prétention à montrer l'air du temps, les adolescents d'alors tels qu'on ne les avait pratiquement jamais vus au cinéma. Et, sur ce terrain, Pialat sort naturellement vainqueur, puisqu'en traitant ce thème, il est dans son domaine de prédilection (il suffit, pour s'en convaincre, d'évoquer des films comme "L'Enfance nue" ou "Passe ton bac d'abord").
Avec "A nos amours", Pialat livre un portrait sans concession d'une adolescente en rébellion quasiment malgré elle. La fabuleuse Sandrine Bonnaire (révélation à plus d'un titre) donne chair au personnage de Suzanne, une fille insouciante et que l'on sent, en même temps comme torturée. Elle est écorchée vive.
On ne peut pas vraiment parler de "mal de vivre" : ce que Pialat filme et ce que Bonnaire montre, c'est un entre deux. Quelque chose qui reste mal défini et c'est bien cela qui trouble et qui touche.
Par ailleurs, la scène du dîner qui vire au violent règlement de compte est un modèle non seulement de mise en scène, mais aussi (et surtout) de ce que le cinéma de Pialat (lequel joue d'ailleurs le rôle du père dans le film, venant ainsi rappeler combien Pialat était un grand acteur) fait et nous fait : pétrir des émotions sans concessions, dépeindre des sentiments sans la moindre afféterie.
On croirait voir la vie, la vraie. Mais c'est juste de l'art. Et celui de Pialat est grand, comme vient nous le confirmer ce grand film sur le mal-être adolescent que reste "A nos amours".