Je suis littéralement tombé sous le charme de ce film, réalisé par Éric Gravel et sorti tout récemment. Au départ pourtant un peu sceptique, je m'attendais à un énième drame français primé un peu chiant (je sais qu'on a, à tort, vite fait de résumer le cinéma français avec ça et les comédies potaches). Mais finalement, je suis sorti de la salle complètement conquis. Julie, qui est première femme de chambre dans un palace, doit faire des pieds et des mains pour organiser sa vie, le tout dans un contexte de grèves de la SNCF. Pour être un usager régulier du transilien (plus particulièrement de la fameuse ligne R), ce film me parle particulièrement, surtout que je me souviens bien de ce mouvement de grève d'octobre 2019 où qu'un transilien sur cinq ne circulait. Bien que ma situation ne soit pour autant pas comparable avec celle de l'héroïne, je me suis toujours demandé comment les habitants de la grande banlieue parisienne pouvaient aller travailler sereinement avec tous les aléas de la SNCF (même en dehors des grèves pour le coup). Et c'est en partie pour cela que j'ai été autant touché par le film et que j'ai pu pleinement rentrer dans l'histoire car je me suis vraiment identifié à l'héroïne, notamment en partageant ses angoisses. Au-delà de ça, il y a aussi la mise en scène qui est excellente et qui permet au spectateur, même celui qui est complètement étranger à ce rythme de vie, de comprendre les problématiques de l’héroïne et partageant avec elle son rythme de vie incessant. Le film est en effet constamment en mouvement, il développe de plus une routine que l'on comprend facilement, routine qui est très vite perturbée par les nombreux problèmes de l’héroïne (grèves donc mais également la voisine un peu reloue, ses collègues, sa boss, sa recherche de boulot, le trampoline à trimballer puis à monter, la banque, l'ex-mari etc.). Cette routine, qui devient de plus en plus chronophage, est de plus rythmée par un thème musical très angoissant, semblable à un métronome devenant de plus en plus rapide au fil de l'intrigue. De plus, le film montre également l'absurdité des hôtels de luxe, ce qui est très intéressant. Alors on peut se dire que la fille accumule quand même les galères et qu'elle a vraiment pas de bol ! C'est effectivement un poil exagéré à ce niveau-là mais, le côté positif, c'est que le film en profite pour nous emmener constamment dans la mauvaise direction, comme lorsqu'elle rencontre son voisin militaire parfait.
Tout commence comme une comédie romantique classique et on se dit qu'il va la sortir de toutes ses galères, mais finalement non !
Concernant les acteurs, nous retiendrons finalement surtout que Laure Calamy qui porte presque le film à elle toute seule et qui est tout à fait crédible dans le personnage ! "À plein temps" est donc un film pour le moins haletant qui retranscrit parfaitement les difficultés que peuvent rencontrer les personnes travaillant sur Paris et habitant la grande banlieue.