David et Benji, deux cousins juifs de New-York s’étant perdus de vue, se rendent en Pologne sur les traces de leur grand-mère bien aimée qui vient de décéder.
A droite, l’éternel inquiet, capable, entre deux calmants, d’envoyer 25 textos pour s’assurer que l’autre est bien en chemin. Discret, peu sociable, mal à l’aise, ce père et mari comblé a pu dégager une semaine dans son emploi du temps chargé pour effectuer le déplacement. A gauche, son opposé. Libre, chaleureux, bavard, direct, il emporte la lumière quand il traverse une pièce. Mais ses excès dissimulent mal une instabilité. Ce qui les lie, le sang et le judaïsme en héritage, ainsi que tout le poids qui vient avec. Un boulet aussi pesant qu’un sac à dos bien trop lourd.
Dans ce voyage, ils sont guidés et accompagnés par d’autres souhaitant faire la paix avec leur passé, dont ce Rwandais qui affirme que sa conversion lui a permis de digérer le génocide qu’il a lui-même subi. Est-on alors en droit d’être heureux quand on est Juif, malgré la Shoah ? Les peines quotidiennes ne sont-elles pas dérisoires par comparaison ? N’est-ce pas un sacrilège de voyager dans un train polonais en 1ère classe, même si c’est « mérité » ? Entre David, qui dissimule ses émotions, et Goliath qui ne parvient pas à les canaliser, fusent les interrogations existentielles. Il y a du Woody Allen dans les atermoiements tragicomiques à l’écran de Jesse Eisenberg. Les grands discours et les chiffres ne sont jamais les meilleures réponses à donner. Quand la visite du camp commence, seul subsiste le silence. Même le piano de Chopin se tait. Et il suffit d’un regard solitaire et perdu au milieu d’une foule pour que tout se déchire.
(6.5/10)
@cinefilik.bsky.social
cinefilik.wordpress.com