Empathie d'une densité esthétique superficielle
Tom Ford, lorsqu'il relu la nouvelle de Christopher Isherwood et décida de l'adapter eu la présence d'esprit d'employer à son avantage la totale superficialité de son milieu professionnel d'origine: l'apparat, le style jusque dans son moindre détail son mis au service d'une émotionalisation épique du récit. Toute la simplicité de la morale du livre et de ce qu'il exprime, la vie devant être vécue au présent malgré la solitude de l'homme et sa complexité existentiel le poussant à douter de la place qu'il tient sur Terre, tous ces éléments sont dans leur désuétude sincère pris en compte et sublimer par la maîtrise de la beauté plastique du réalisateur.
La nouvelle étant un récit intérieur à George, il aurait été complexe pour l'art cinématographique de reproduire cette impression au-delà de quelques plans subjectifs et de voix-off. Néanmoins, Ford use de la photographie à travers des variations de couleurs et d'intensité de ton, de très gros plans furtifs, de ralentis, de musiques très théâtral dans leur utilisation du violon et du piano pour arriver à nous transmettre ce qui aurait été ardu de délivrer dans la plus parfaite sobriété. Ce sont d'ailleurs ses astuces visuelles excentriques qui donnent autant de force émotionnelle au film puisqu'elles procurent les émotions que George éprouvent - au-delà d'une référence claire au personnage dépressif de Guido Anselmi incarné par Marcello Mastroianni dans le "Huit et demi" de Federico Fellini. C'est donc tout aussi logiquement, par parfaite empathie, qu'on en vient à penser comme George et à ressentir à la fin le même besoin de vivre le moment présent et rien d'autre.
Et se dire que l'utilisation bête et méchante des outils cinématographique avec plus de démonstration, sans perdre leur finesse, parfait film tout entier suffit de convaincre du coup de génie si ce n'est du talent de son metteur en scène occasionnel