je connaissais pas du tout le cinéma de Thierry de Peretti ben putain ça donne envie j'ai a-do-ré
le plus gros point fort du film pour moi c'est le mélange de plein de choses différentes et rares, dans un ensemble qui fonctionne
on a un personnage féminin, qui fait du journalisme, qui tourne autour du milieu des indépendantistes corses via son mec, et on a aucun cliché sur le journalisme, aucun cliché sur ce milieu corse, aucun cliché sur une femme-de-mec-trempé-dans-un-milieu-violent. Au contraire !!
chaque thème du film amène une réflexion complexe, que ce soit grâce aux excellents dialogue, la "voix-off" (voix d'un personnage qui semble d'abord secondaire au récit) ou bien grâce à la mise en scène. Par exemple, ce personnage principal est passionné de photo au point donc d'en faire son métier, et pourtant la voix-off nous apprend comme ça, presque l'air de rien, qu'elle doute de ce qu'elle fait. que toutes ses photos qu'elle prend en permanence dans sa vie quotidienne, elle ne leur trouve pas de valeur. Autre exemple, quand elle a des débats avec ses chefs de la rédaction, elle n'est pas le cliché de la jeune naïve aveuglée par ses idéaux. Puis les travers éventuels de la représentation d'un milieu violent via le prisme de la représentation des copines du milieu, ce sont des travers qu'elle-même et les autres personnages féminins adressent à leurs mecs. Elles leur disent qu'ils se complaisent dans le sacrificiel et recherchent quasiment la violence et le drame pour se faire martyr, tandis qu'elle sont supposées pleurer. La fameuse voix-off au début, parle de cette absence-recherche de tragique. Le film a l'intelligence de se penser lui-même, et le brio de le faire sans lourdeur, sans être du tout verbeux
et donc en terme de narration on a un mélange entre différentes temporalités, les photos prises par le personnage principal, la voix-off, des extraits de reportages TV... c'est très riche
nuance aussi dans le traitement de la question indépendantiste. il me semble qu'en nous imprégnant de cette façon dans la vie corse (le film s'ouvre presque sur une longue, lente séquence de fête de village), on peut ressentir comme les corses, comment les indépendantistes du film vivent le conflit avec l'état français. avoir été si simplement imbibé dans leur juste vient colorer la réception des différents faits divers, ce qui est très fin comme façon de faire
Puis les personnages eux-mêmes sont torturés par ces questions, évoluent, hésitent, avancent puis reculent... à ce titre la scène entre Simon devenue professeur, et ses jeunes élèves, est sublime. on voit qu'ils savent dans quel milieu il a été, il sait qu'ils savent, ils échangent en fait assez ouvertement sur le sujet mais sans nommer, Simon s'adressant à des tout jeunes modère, prend du recul... c'est archi fin. c'est tout con et ce n'est même le sujet du film, mais j'ai rarement vu un film montrer aussi bien ce que peut être un super prof, dans ce dialogue Simon est un modèle de pédagogie, de distance-proximité avec ces jeunes.
bref y aurait des tas de choses à dire sur la relation amoureuse puis le triangle amoureux, les amitiés, la relation familiale, tout le passage sur l'ex-Yougoslavie, sur plein plein de choses, parce que c'est un film archi riche qui sait faire simple
j'ai aaaadoré