A son image est l'histoire d'une jeune fille, Corse, qui veut faire quelque chose de sa vie et parcourir le monde. Son talent est la photo et donc elle veut faire du photojournalisme.
Mais ses parents se demandent pourquoi elle veut aller voir ailleurs, on n'a pas tout ce qu'il faut, sur l'Ile de beauté ? Une beauté que ses amis défendent, en plus, armes à la main …
Elle se retrouve piégée, à photographier en Corse la violence Corse, et accessoirement les mariages. A son corps défendant ...
Ce film est tiré d'un très bon livre de Jérôme Ferrari. Il connait parfaitement bien son cadre historique, comme le réalisateur. Et c'est le sujet qui prédomine dans le film. On le voit au très long générique plein de noms locaux : une belle mobilisation ! Qui a peut-être déséquilibré le projet de l’auteur…
Pour moi les scènes les plus intéressantes sont celles, plus intimes et personnelles, qui parlent de la beauté, de la jeune fille. Elle a une jolie image précisément. Pourquoi faudrait-il qu'elle ne soit que belle, ou belle en se taisant (omerta), comme l'image qu'on en a ?
Idem pour la Corse, pourquoi faudrait-il qu'elle ne soit que l'ile de Beauté, qui plait tant aux nostalgiques ?
Dommage qu'on passe à côté de cette réflexion sur l'image et la jeunesse. On ne voit les photos de la photographe qu'à la fin, on réalise ce qu'on a manqué. Alors que dans livre, les photos sont parallèle (révélateur) du parcours de la jeune fille, Antonia.
Ce récit sur l'image aurait été plus intéressant, je pense, que celui du "canal historique". Celui-ci a un parti pris d'authenticité qui fonctionne certes, mais de façon prisonnière, avec beaucoup de pertes.
Je retiens la séance photo d’Antonia avec son amoureux qui est une très belle scène : légère, intrigante, sensuelle et sculpturale, filmée de façon originale. Du bon cinéma.
Formellement, elle est construite comme l’exact contrepoint de la séance photo de "Blow up", mais l'intension artistique est la même. A ce propos, je conseille vivement ce film d'anthologie, d’Antonioni : plein d'élégance, de désir, de recherche, de mystère ou folie ...
Plus spécifiquement sur le photojournalisme, on peut aussi voir "Underfire", un bon film d'Oliver Stone avec de l'action musclée, mais moins de beauté ...
Comme le dit une réplique du film faite à Antonia : "Tu n'es jamais contente en fait! "