Arf... C'est sûr qu'au vu des critiques dithyrambiques outre-atlantique, on était en droit d'en attendre plus de cette quatrième version d' « Une étoile est née », première derrière la caméra pour Bradley Cooper, évidemment également devant. Je pense que pour commencer, c'était un peu trop grand : Clint Eastwood a longtemps fait partie du projet, et nul doute que celui-ci (à condition de ne pas étaler lourdement ses sympathies républicaines comme c'est le cas ces dernières années!) aurait été infiniment plus approprié pour mener un tel projet. Il faut dire qu'inévitablement, lorsque vous avez vu les titres précédents, le remake de George Cukor en tête, difficile de ne pas faire la comparaison, et elle n'est clairement pas en faveur de cette mouture 2018, manquant étrangement d'émotion.
Pourtant (presque) tout y est : on retrouve cette belle histoire avec plaisir, les 135 minutes ne se ressentant qu'assez peu, l'avenir de nos deux héros nous préoccupant un minimum, à défaut de vraiment nous surprendre (forcément!). D'ailleurs, Cooper acteur semble confirmer être plus à l'aise que Cooper réalisateur, livrant une belle performance en chanteur star souffrant d'alcoolisme chronique, Lady Gaga s'en sortant avec les honneurs pour son premier grand rôle au cinéma. Côté musique, ce n'est vraiment pas mal du tout, la belle blonde pouvant compter sur des textes de qualité pour mettre en valeur sa puissante voix grave. Dommage que l'ami Bradley ne parvienne pas à apporter un regard nouveau sur le sujet, semblant hésiter entre vision moderne et plus « old school », ni l'un ni l'autre n'étant réellement convaincantes.
Cette relecture parfois maladroite n'apporte pas énormément, si ce n'est quelques jolies chansons et faire découvrir à une génération cette histoire dont elle n'aurait probablement jamais entendu parler (oui, parce que beaucoup ont du mal à savoir que le cinéma est né bien avant les années 2000 : ils ne savent vraiment pas ce qu'ils manquent) : remarquez, c'est déjà pas mal, d'autant qu'avec un tel potentiel de base, il était difficile de se louper totalement. J'ai passé un moment plutôt agréable, mais qui ne fera clairement pas d'ombre à la lumineuse version de 1954 et aux merveilleuses prestations de Judy Garland et James Mason.