Comme les distributeurs français ne disposent que d’un vieux dictionnaire d’anglais pour pondre un titre français, ils ont traduit du coréen comme ils ont pu les pauvres, nous confirmant par là leur désespérant vide sémantique.
En mai 1980 les émeutes révolutionnaires sud-coréennes à vocation démocratique sont réprimées par une sanglante et sauvage répression gouvernementale à Gwangju, ville ligotée, hermétique jusqu’à ses lignes téléphoniques, pendant que la traditionnelle propagande politico-médiatique ment comme d’habitude au reste du pays. Quand le seul espoir d’un peuple écrasé réside dans la presse étrangère, le journaliste allemand Jürgen Hinzpteter trouvera, en plus de son authentique scoop, une véridique complicité salvatrice, pour entrer, se cacher et ressortir de la cité meurtrie, grâce à plusieurs héros modestes et ordinaires, et surtout son taximan, grassouillet citoyen moyen, au départ sans finesse ni vocation particulière à l’héroïsme.
Le mélange des styles d’apparence très différents semble décidément une marque de fabrique coréenne. Légèreté gaffeuse, anti-héros d’abord pathétique, maladresses, débats et petits conflits bon enfant, sauront nous enchanter quand on les voit épouser sur la même vague sentimentalité, ultra-violence, mort imminente, extrémités d’où ne peuvent plus surgir qu’un hurlement d’effroi, de noblesse et de beauté. Au-delà d’un reportage tragique sur une autre tuerie légale, la volonté sentimentale du film réinvente ainsi le courage, l’amitié, le sacrifice et la solidarité, particulièrement touchante surtout quand les protagonistes ne se comprennent même pas entre eux (Enorme et permanent aspect du film lisible uniquement en VO).