Ce film est tiré du livre, paru l’année précédente, de Joe Connelly qui a passé 9 ans comme secouriste dans le quartier de Hell’s Kitchen à New York, pour le St Clare’ Hospital, ce qui a inspiré son roman.
Le film est scénarisé par Paul Schrader dont la transmission de ce genre d’expériences incandescentes, avec toute la douleur et la culpabilité qui les accompagnent, est la motivation depuis toujours (cf. ses films comme réalisateur : Hardcore, 1979, Affliction, 1997). Scorcese lui-même n’est pas un nouveau venu dans ce monde là (Means Streets, 1973, Taxi Driver, 1976). Le film est donc délibérément perturbant. Il me rappelle la derniere partie, très réussie, du Catch - 22 de Mike Nichols (1970) tiré quant à lui du roman de Joseph Heller sur la deuxième guerre mondiale. Dans Catch 22, un soldat qu’on a vu jusqu’alors cynique et plaisantin traverse des scènes d’épouvante dans le quotidien d'une ville italienne rongée et déstructurée par la guerre.
Ici, Nicolas Cage (dans le rôle de Frank Pierce) est habité par le rôle et a un visage de piéta dans tout le film, ce qui n’est ni déplacé ni dérangeant. Se succèdent dans les rôles de partenaires secouristes John Goodman, parfait, puis Ving Rhames qui est génial dans le rôle de Marcus (on voudrait encore le voir et l’entendre après "sa" séquence dans le film), et enfin Tom Sizemore qui en fait un peu trop dans un autre genre de folie que celle de Frank l’halluciné douloureux, et que celle de Marcus le philosophe bon vivant : sa folie à lui est violente et raciste. Tous les autres, y compris Patricia Arquette sont de bons acteurs agréables à voir et la BO (blues et rock) est sensationnelle. Au fond, c’est comme une reprise par Martin Scorcese de son After Hours mais dans le tragique. En tout cas, c’est, plus que l’histoire, le cinema de Monsieur Scorcese - rythme, cadrages, montage, images et narration- qui nous emporte, .