Je ne suis pas un grand amateur de ce que j'ai pu voir de King Hu, notamment Raining in the Mountain qui mériterait sans doute un second visionnage car je pensais voir quelque chose de totalement différent beaucoup plus axé sur les combats, cependant j'avais de grands espoirs dans A Touch of Zen dont j'avais entendu le plus grand bien. J'avais cependant un peu peur que tout ceci ne me parle que très moyennement, mais là avec la ressortie en salle que j'ai ratée, il me fallait attendre une copie digne de ce nom histoire d'au moins profiter de la beauté visuelle du film...
Et c'est chose faite.
Le film est absolument splendide, visuellement renversant... J'adore ce genre de film où l'univers a une grande place, où le moindre détail compte... parce qu'ici on a de nombreux plans en extérieurs qui proposent tous des environnements variés, mais extrêmement cohérents et surtout magnifiques. J'adore ces maisons en ruines, avec des sortes de fougères qui poussent partout, ou ces bois de bambous... j'ai juste envie de me promener dans le film... et ça a un effet très fort sur l'immersion.
J'avais envie de savoir ce qui se passait dans cet univers, de savoir qui sont ces gens qui évoluent dans ce monde, quels sont leurs problèmes, etc.
L'histoire est assez simple ce qui ne l'empêche pas d'être vraiment riche. On de nombreux personnages que l'on apprend petit à petit à connaître... même si mon regret est à ce niveau là, disons que j'en aurai voulu plus, j'aurai voulu plus de scènes avec juste du dialogue, ou du moins où l'on sent qu'il se passe quelque chose entre eux. Alors il y en a, je pense à cette scène où le héros et l'héroïne finissent par s'étreindre alors que le tonnerre tonne et que la foudre frappe éclairant ainsi la scène... Mais lorsque la fin du film surgit je n'ai pas été aussi dévasté que j'aurai dû l'être. Parce que autant la relation fonctionne très bien, mais ces moments sont trop rares pour réellement m'émouvoir, alors que sur le papier c'est vraiment déchirant.
Je dois cependant avouer que je n'ai pas vu le temps passer, même si au moment où l'on pense que tout est terminé, l'intrigue se relance de manière assez inattendue, ce qui fait forcément regarder sa montre. Mais j'aime beaucoup cette dernière partie, beaucoup plus spirituelle... Même si je pense qu'elle aurait été pu être un peu mieux raccordée au reste, parce que ça semble quand même sortir un peu de nulle part et on devine plus qu'on ne comprend réellement ce qui se passe.
Ceci-dit le moine bouddhiste dégage quelque chose de vraiment fort à chaque fois qu'il est l'écran et le voir dans ce final, ben ça fait quelque chose, on sent que mine de rien c'est habité comme film, qu'il y a une évolution, on part de ce petit scribe (?) sans ambition pour arriver à quelque chose de quand même, il faut bien le dire, assez grandiose.
Ce qui permet je pense au film de passer comme une lettre à la Poste c'est non seulement son univers et sa photographie somptueuse, mais c'est aussi que c'est très rythmé, voire même trop, ainsi à partir du début de la deuxième heure on a de plus en plus de combats, chose à laquelle je ne m'attendais pas du tout. Ces combats arrivent en peu de mouvements et grâce au montage à donner une vraie sensation de puissance pour certains personnages... D'ailleurs je tiens à souligner le fait que le héros ne se batte pas et que c'est au contraire la fille qui pratique les arts martiaux, ce qui est loin d'être une mauvaise idée, ça permet de créer des personnages qui se démarquent.
En parlant du montage, j'aime beaucoup son utilisation, dans les combats, mais aussi au moment de certaines transitions entre les flashback et la narration au présent qui se fait sur des idées visuelles assez proches, sans tomber pour autant dans un truc lourdingue.
Et si A Touch of Zen n'est pas un film parfait il fourmille d'idées visuelles et de scènes qui ont tout pour marquer durablement le spectateur. Et ça me fera sans doute voir d'autres King Hu.