Sans vouloir trouver des circonstances atténuantes à un réalisateur dont on apprécie le travail, À toute vitesse trahit presque à chaque plan le manque d'expérience d'un premier long métrage chez Gaël Morel. On trouve déjà en germe tout l'univers du réalisateur français, mis en scène ici de manière très schématique, avec des personnages pas loin de la caricature et des dialogues débités à la moulinette – parfois jusqu'au défaut d'élocution – chez des acteurs récitant façon série télé cheap.
Avec une esthétique assez moche et une narration atomisée cousines du Dogme95 – amateurs de transitions soignées, passez votre chemin –, À toute vitesse affiche trop de carences et d'immaturité pour s'imposer. Et si Stéphane Rideau émerge sans peine d'un casting gentiment amateur, Élodie Bouchez irrite d'emblée en resservant son numéro de fausse candide et de vraie emmerdeuse des inoubliables Roseaux sauvages de Téchiné.
Un premier essai plein de bonnes intentions et d'idées qui trouveront dans la filmographie de Morel un tout autre aboutissement – le Clan, Notre Paradis –, mais qui à trop chercher en permanence à coller à son titre termine emplâtré dans le mur.