La science-fiction est un genre qui sert de métaphore pour dépeindre notre réalité ; ainsi, le contexte de création d'une œuvre de science-fiction permet souvent de mieux la comprendre. Ici, ce n'est pas vraiment de ça dont il s'agit : "Slaughterhouse-Five" est avant tout un film historique on va dire, sur la deuxième guerre mondiale et plus particulièrement sur la tragédie de Dresde. Le côté science-fictionnel est là plus pour illustrer un concept philosophique.
Ce qui m'a étonné, c'est que malgré une grande absence de conflits, le film reste étonnamment très prenant à regarder. En effet, le héros n'est rien d'autre qu'une moule pas très futée (dont l'ascension sociale est certainement ce qui est de plus science-fictionnel dans ce film) qui subit/contemple ce qui arrive autour de lui. Des petits obstacles et des résolutions émergent au travers de ses compagnons de route, mais ils sont rares. C'est intéressant parce que chaque scène s'avère être une anecdote, probablement vécue par l'auteur du bouquin et qui permet d'en savoir un peu plus sur la vie de prisonnier. Mais c'est aussi le voyage temporel qui fait l'intérêt : l'auteur coupe ses scènes au bon moment afin de mieux rythmer son récit. C'est parfois un peu fou, on se demande comment l'auteur parvient à garder une telle cohérence alors qu'il n'y a pas vraiment d'objectif principal, mais il y parvient. Les transitions sont d'ailleurs très travaillées.
Évidemment, ce qui intéresse le plus dans tous ces segments, ce sont ceux liés à la guerre. Mais les autres étapes de la vie de notre héros permettent de mieux comprendre des causes, des conséquences. C'est un peu bordélique, et c'est vraiment dans les 20 dernières minutes que le côté science fictionnel prend le dessus afin d'expliquer au spectateur le concept selon lequel on passe d'un plan à l'autre. Si l'explication tombe à pic, je n'en suis pas totalement convaincu, et ce délire paraît bien trop décousu par rapport au reste du film. D'ailleurs, jusqu'à ces dernières 20 minutes, je me suis demandé pourquoi ce film de guerre engagé n'était pas plus connu aujourd'hui... après j'ai compris...
J'aime beaucoup les personnages. Ils sont tous un peu fous, un peu bizarres, un peu névrosés. La palme revient tout de même à notre endive de héros qui préfère jouer avec son chien plutôt que de partager des moments privilégiés avec sa femme. Cela change un peu du ton plus sérieux de bien d'autres films de guerre. Et puis pour une fois, on ne dit pas que c'est la guerre qui rend fou... les gens l'étaient déjà un peu avant. On peut même dire que notre héros est devenu un peu moins con après la bête. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un message positif sur le front que l'on nous délivre là, mais au moins on ne se contente pas de pointer d'un doigt accusateur.
La mise en scène comporte de très belles scènes. La photographie aurait peut-être pu être plus travaillée, mais il reste un travail d'ambiance agréable et puis de belles reconstitutions. Les décors sont bien utilisés aussi. Les acteurs sont très bons. Le héros semble avoir mis fin à sa carrière depuis les années 80, c'est dommage, j'aimais bine sa tête d'abruti. Enfin, les thèmes musicaux m'ont paru doux et agréables, contrastant énormément avec l'horreur de la guerre.
Bref, un film assez étrange. Pas très science fiction, pas très comique non plus, mais ce n'est pas pour autant un drame réaliste déprimant. Un film étrange quoi.
Ah oui, et en plus y a la délicieuse Valerie Perrine qui montre ses nichons.