Co-auteurs du (relativement) prometteur "Wedding Nightmare" et des moins ragoûtants Scream (s) 12 et 13 environ, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett aiment confronter la thématique de l'enfermement à l'horreur et donc à l'impossibilité pour les victimes d'échapper à leur macabre destin.
Les deux compères, donnent également dans l'admiration, l'hommage, vénérant pêle-mêle le gore-kitch, les twists qui laissent sans voix et Tarantino (et les cinéastes malins), ce qui n'est pas nécessairement une bonne nouvelle au moins pour les deux derniers éléments. Abigail est donc la promesse d'un cinéma d'horreur décomplexé qui ne se prend pas au sérieux, d'hectolitres d'hémoglobine, et de scènes surprenantes, inattendues... qui seront révélées dans la bande-annonce; le classique du studio -Universal- qui ne croit pas en son film et se sent contraint d'en dévoiler par avance le meilleur, pour attirer le quidam.
Comme attendu après l'examen de ses intentions et inspirations multiples, le film joue donc et avant tout sur les effets qu'il envisage de produire, sur des ressorts classiques de l'horreur moderne : une galerie de personnages (voulus) sympathiques, rendus attachants par leur "coolitude" apparente, puis plus attachants encore par l'exposition de leurs fragilités et enfin révélant leur nature profonde dans un contexte horrifique. Eux, les "easy" men and women, une troupe de petits malfrats sans envergure, sont mandatés par un mystérieux commanditaire pour enlever Abigaïl, toute jeune danseuse et fille d'un milliardaire qui doit verser une rançon.
Enfermés dans un manoir, (celui de Wedding Nightmare en moins cossu) les membres de la cool troupe se découvrent : il y a là le crétin de base, grégaire tatoué, la blonde idiote qui mâchonne son chewing-gum de manière sexy en sortant la langue de manière suggestive, l 'afro qui analyse tout avec beaucoup de recul et enfin le mec et la fille, qui certes ne sont pas dépourvus de défauts mais dont on devine l'âme de leader (cette fois Guy Ritchie n'est pas loin). Enfin au fond à droite, dans la chambre, la gamine attachée au lit, véritable enjeu du déluge qui va immanquablement s'abattre sur le manoir et cette assemblée mal assortie.
Et déjà Abigail, la môme ricane, enfin on le devine, en entendant ses ravisseurs s'entre-déchirer et probablement en nous voyant déjà de l'autre côté de l'écran désabusés par un scénario déjà joué cent fois, perdus dans l'attente du prétexte qui donnera naissance à la boucherie et avec un peu de chance à quelques scènes frissonnantes.
Las, de frisson, il ne sera pas question, de boucherie un peu certes, mais contre toute attente, le twist sonnera surtout le glas de nos espérances, enfermant le métrage dans un trop plein confus, une surenchère dans le retournement de situations, de plans courts aux images accélérées, avec parfois des personnages dispersés aux quatre coins de l'écran, jouant chacun une scène différente, bref un beau bordel avec parfois une belle idée au milieu du maelström.
L'hommage à
"Une nuit en enfer de Rodriguez" et ses vampires punks
est prégnant, enfermant, ,"Abigail n'en sortira jamais, ce qui est regrettable car le fameux quidam, qui malgré tous les efforts du studio pour gâcher son effet de surprise aurait échappé à la bande annonce pourrait se targuer d'avoir croisé un film qui probablement a été réalisé avec de bonnes intentions et arrive malgré tout à amener ses passagers au bout du voyage....