Absentia sort enfin en DVD outre-Atlantique après pas loin d'un an de road-trip tout autour des States afin de faire parler le plus de lui. C'est chose faite, puisqu'il s'est raflé une chiée de prix, en plus d'avoir attiré l'oeil de nombreux critiques qui ont été étonnamment surpris, exactement comme nous. Il faut dire qu'avant même que le tournage débute le film avait déchaîné les foules, puisque sa campagne de financement via Kickstarter.com avait atteint 156% du budget cible en moins d'un mois.
Une histoire de disparition, de deuil, de nouveau départ, d'un tunnel lugubre, ça parait pas forcément original, et pour cause, toute la force du film repose sur son ambiance, enivrante au point que l'on se retrouve comme hypnotisé et l'on aurait presque envie que la pellicule ne s'arrête jamais, tant la curiosité nous anime. Qui plus est, le réalisateur (et scénariste), Mike Flanagan, met en place un jeu de miroirs assez sympathique dans l'interprétation des événements, entremêlant vision de la personne présente, puis de l'un de ses proches et enfin des représentants de la loi, toujours cartésiens, faisant de la pellicule un mystère absolu, puisqu'au final nous ignorons si l'angle par lequel nous observons est réel, ou au contraire une autre interprétation.
Bref, Absentia est une bonne illustration de ce qu'est l'épouvante/horreur moderne de qualité. Par moment on a l'impression de nager dans du Van Sant tant l'atmosphère nage dans la contemplation et la recherche de plans toujours plus imaginatifs et métaphoriques, ce qui est assez rare dans ce registre de cinéma, qui n'impose d'habitude que spooky times et gore pour palier à un manque d'imagination. Il ne faut cependant pas se voiler la face, Absentia n'est pas là pour faire peur, il est là pour capter l'attention du spectateur, le manipuler afin de le rendre un peu fou, tout en le rassurant avec un climat lent et une photographique aux couleurs chaudes, tranchant littéralement avec tout ce qu'il nous est imposé d'habitude (montages frénétiques, dominantes bleutées).
Parmi les défauts de la pellicule, car elle n'en est pas exempte, on relèvera des interprétations pas toujours justes, dont les flics, assez clichés, puis une des soeurs, interprétée par Courtney Bell, assez peu crédible, et il n'y aura que Katie Parker pour apporter le minimum de crédibilité qu'il fallait à l'ensemble. On notera cependant l'apparition éclaire d'une icône du cinéma de genre, Doug Jones, connu pour des productions allant de Jack Frost 2 au Labyrinthe de Pan en passant par Hellboy.
Autre point faible, qui pourtant étant l'un de ses forts au départ, la bande-son tourne vite en boucle, pendant la première moitié ça marche, et pendant la seconde on finit par avoir envie d'égorger le monteur.
Pour conclure, les aficionados de films fantastico-horrifiques intelligents qui réussissent à se démarquer auront là une excellente surprise à dévorer de toute urgence. Les moins amateurs de ce registre pourraient se laisser tenter, car finalement nous sommes loin de ce que la jaquette pouvait laisser croire, on nage plus dans le fantastique que dans le cinéma bis(touris).
Mention spéciale pour Mike Flanagan, qui avec cette bobine réussit à prouver que le cinéma indépendant peut faire autre chose que du torture porn ou du slasher. Bravo à lui d'avoir travaillé tous les aspects de son film, que ça soit l'écriture comme le visuel, afin d'en faire l'un des DTV les plus mémorables de cette année 2012.