Dans la banlieue de Rome, on suit un jeune homme surnommé Accattone, qui vit en exploitant sa compagne comme prostituée. Celle-ci va être embarquée par la police à la suite d'un pugilat, et il va se retrouver du coup sans revenus, car lui ne travaille pas. Il va quémander de l'argent à son ex-femme, qu'il avait quitté, et va se prendre d'affection pour sa nouvelle conquête dont il envisage de la mettre sur le trottoir.
Accattone est le premier film réalisé par Pier Paolo Pasolini, d'après un de ses romans, et il faut dire que ce quartier est comme les portes de l'enfer, à savoir qu'en les franchissant, il n'y a aucun espoir à attendre. Non seulement pour Accattone, mais aussi pour ses comparses dont leur principale activité consiste à glander au café du coin. Le film s'inscrit dans le registre du naturalisme italien, où on voit au loin les bâtiments se construire, et eux vivent dans ce qui ressemble à des bidonvilles. Dans un sens, j'ai pensé à Umberto D., où là aussi, l'espoir n'est guère cité, mais Accattone est montré comme un sale type, exploitant sans vergogne les autres alors que lui ne fait rien. Mais qui sait faire preuve d'un peu de tendresse quand il rencontre cette jeune femme, incarnée par Franca Pasut, qui est la pureté dans ce tas de fumier(s).
Le film est assez fort, porté aussi par le jeu des nombreux comédiens amateurs, et tranche avec la comédie qui était le genre roi à cette époque, car il faut dire que c'est très bien réalisé, et Pasolini ne nous cache rien des horreurs de ce quartier, notamment l'apparition de cadavres.
Accattone va lancer la carrière du réalisateur, pour le meilleur et pour le pire.