Acide
5.3
Acide

Film de Just Philippot (2023)

Voir le film

Question, et puis importante la question hein, cruciale : pourquoi, bordel de merde, P-O-U-R-Q-U-O-I, dans la plupart des films catastrophe ou de monstres ou du même acabit, les ados sont-ils quasi systématiquement de pures têtes à claques ? Pourquoi on a juste envie qu’ils dégagent et qu’ils crèvent, et vite ? Pourquoi les scénaristes s’échinent-ils, depuis des décennies, à nous imposer des pubères ultra-relous, geignards et prenant toujours des décisions stupides mettant en danger leurs proches ou eux-mêmes ? Si vous avez la réponse, prière de l’envoyer à Just Philippot. Parce que dans Acide, son nouveau film, le personnage de Selma, ado pénible (pour rester poli) de 15 ans, vient clairement bousiller l’ambiance par son comportement faisant fi du moindre bon sens, ses crises puériles et ses incessants chouinements.

Mais ce n’est pas le seul point négatif du film. Trop facile. Disons que c’est le plus conséquent, le plus costaud. L’autre écueil bien gênant, c’est qu’ici rien n’étonne, rien ne fait neuf, si ce n’est ce danger que représentent ces pluies acides s’abattant soudain sur une partie de notre pays. On est dans le schéma, classique à mort, du film catastrophe avec apocalypse climatique (ou invasion extraterrestre, selon l’humeur) qui fait des siennes conjuguée à des bisbilles familiales (oui, on dirait que la fin du monde est toujours le bon moment pour s’engueuler et régler ses comptes avec son père, sa mère et tutti quanti) où il est question de resserrer les liens, de s’aimer super fort malgré tout, blablabla, et où tout rentrera dans l’ordre à la fin évidemment.

Ah, la famille, cette éternelle marotte vaguement bien-pensante qu’on croyait réservée au cinéma américain (et on n’oublie pas le chien, surtout ne pas oublier le chien). Et puis le film n’arrive que trop rarement à faire peur, à créer une angoisse en ne montrant que des nuages chargés d’acide, qu’une menace de pluie prête à tomber et à tout liquéfier. Philippot y parviendra lors de la première séquence de pluie, impressionnante, puis ensuite non. Plus rien. Nada. Le film finit par s’embourber (littéralement, lors d’un final raté) dans un enchaînement de situations convenues qui ennuient plus qu’elles ne font trembler, et où aucun des personnages n’est un tant soit peu attachant (même dans leur petitesse et avec leurs défauts).

Quant au récit, pourtant accrocheur, celui-ci n’est pas exempt de quelques couacs narratifs (le prologue, en mode En guerre, ne sert strictement à rien, et la portée sociale établie en début de film restera lettre morte, un coup dans l’eau, ou alors il y a métaphore quelque part ? Genre économie et écologie, mêmes dérèglements ? Mêmes combats ?) et d’incohérences lourdes (OK, donc les pluies acides sont capables de s’attaquer à la tôle, de détruire une maison et de transformer une rivière en une sorte de bouillon de soude caustique, mais de ne rien faire, ou si peu, aux arbres et aux pneus ? Auraient-elles la faculté, ces pluies, de dissolution sélective ?). On attendait davantage de Philippot, qui avait su nous surprendre avec La nuée, que cette resucée grisâtre digérant mal les poncifs d’un genre qui, lui, paraît encore attendre le film qui saura le renouveler de fond en comble.

Article sur SEUIL CRITIQUE(S)

mymp
4
Écrit par

Créée

le 25 sept. 2023

Critique lue 177 fois

5 j'aime

mymp

Écrit par

Critique lue 177 fois

5

D'autres avis sur Acide

Acide
Plume231
4

Cramons sous la pluie !

J'avais bon espoir de visionner quelque chose valant sacrément le détour avec Acide. Après tout, le précédent film du réalisateur, Just Philippot, le très bon La Nuée, parvenait à intégrer un élément...

le 21 sept. 2023

30 j'aime

8

Acide
Eykho
7

Hydrophobique

Putain je m’attendais réellement à être déçu avec tous ces retours négatifs, j’avais adoré La Nuée qui était pour moi dans le top 3-4 de l’année 2021, j’avais donc hâte de voir le prochain film de...

le 18 sept. 2023

29 j'aime

6

Acide
Behind_the_Mask
6

♪ Rain and tears... Are the same ♫

En France, il semblerait que le film de genre ne puisse accéder à une certaine forme de reconnaissance et de considération que lorsqu'il est animé par quelque chose d'autre que sa nature profonde. La...

le 23 sept. 2023

22 j'aime

Du même critique

Moonlight
mymp
8

Va, vis et deviens

Au clair de lune, les garçons noirs paraissent bleu, et dans les nuits orange aussi, quand ils marchent ou quand ils s’embrassent. C’est de là que vient, de là que bat le cœur de Moonlight, dans le...

Par

le 18 janv. 2017

182 j'aime

3

Gravity
mymp
4

En quête d'(h)auteur

Un jour c’est promis, j’arrêterai de me faire avoir par ces films ultra attendus qui vous promettent du rêve pour finalement vous ramener plus bas que terre. Il ne s’agit pas ici de nier ou de...

Par

le 19 oct. 2013

180 j'aime

43

Seul sur Mars
mymp
5

Mars arnacks!

En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...

Par

le 11 oct. 2015

162 j'aime

25