Question, et puis importante la question hein, cruciale : pourquoi, bordel de merde, P-O-U-R-Q-U-O-I, dans la plupart des films catastrophe ou de monstres ou du même acabit, les ados sont-ils quasi systématiquement de pures têtes à claques ? Pourquoi on a juste envie qu’ils dégagent et qu’ils crèvent, et vite ? Pourquoi les scénaristes s’échinent-ils, depuis des décennies, à nous imposer des pubères ultra-relous, geignards et prenant toujours des décisions stupides mettant en danger leurs proches ou eux-mêmes ? Si vous avez la réponse, prière de l’envoyer à Just Philippot. Parce que dans Acide, son nouveau film, le personnage de Selma, ado pénible (pour rester poli) de 15 ans, vient clairement bousiller l’ambiance par son comportement faisant fi du moindre bon sens, ses crises puériles et ses incessants chouinements.
Mais ce n’est pas le seul point négatif du film. Trop facile. Disons que c’est le plus conséquent, le plus costaud. L’autre écueil bien gênant, c’est qu’ici rien n’étonne, rien ne fait neuf, si ce n’est ce danger que représentent ces pluies acides s’abattant soudain sur une partie de notre pays. On est dans le schéma, classique à mort, du film catastrophe avec apocalypse climatique (ou invasion extraterrestre, selon l’humeur) qui fait des siennes conjuguée à des bisbilles familiales (oui, on dirait que la fin du monde est toujours le bon moment pour s’engueuler et régler ses comptes avec son père, sa mère et tutti quanti) où il est question de resserrer les liens, de s’aimer super fort malgré tout, blablabla, et où tout rentrera dans l’ordre à la fin évidemment.
Ah, la famille, cette éternelle marotte vaguement bien-pensante qu’on croyait réservée au cinéma américain (et on n’oublie pas le chien, surtout ne pas oublier le chien). Et puis le film n’arrive que trop rarement à faire peur, à créer une angoisse en ne montrant que des nuages chargés d’acide, qu’une menace de pluie prête à tomber et à tout liquéfier. Philippot y parviendra lors de la première séquence de pluie, impressionnante, puis ensuite non. Plus rien. Nada. Le film finit par s’embourber (littéralement, lors d’un final raté) dans un enchaînement de situations convenues qui ennuient plus qu’elles ne font trembler, et où aucun des personnages n’est un tant soit peu attachant (même dans leur petitesse et avec leurs défauts).
Quant au récit, pourtant accrocheur, celui-ci n’est pas exempt de quelques couacs narratifs (le prologue, en mode En guerre, ne sert strictement à rien, et la portée sociale établie en début de film restera lettre morte, un coup dans l’eau, ou alors il y a métaphore quelque part ? Genre économie et écologie, mêmes dérèglements ? Mêmes combats ?) et d’incohérences lourdes (OK, donc les pluies acides sont capables de s’attaquer à la tôle, de détruire une maison et de transformer une rivière en une sorte de bouillon de soude caustique, mais de ne rien faire, ou si peu, aux arbres et aux pneus ? Auraient-elles la faculté, ces pluies, de dissolution sélective ?). On attendait davantage de Philippot, qui avait su nous surprendre avec La nuée, que cette resucée grisâtre digérant mal les poncifs d’un genre qui, lui, paraît encore attendre le film qui saura le renouveler de fond en comble.
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