Au secours, il pleut acide ! Vite trouvons-nous un abri et hop, 10 minutes de huis-clos psychologique déprimant.
Vite, il ne peut plus, reprenons notre route -vers où déjà ? Bah vers l'Est, il ne pleut pas. Attention les gros méchants nuages arrivent, vite trouvons un abri, pour un autre huis-clos barbant !
Et dans l'intervalle, faisons souffrir tous les personnages que nous croisons, parce que vraiment c'est une situation pourrie et qu'il n'y pas d'espoir et qu'on veut bien que vous vous l'enfonciez dans le crâne. Pourquoi ? Je ne sais pas : parce qu'un film catastrophe européen se doit d'être "conscient" et donc d'éviter tout happy end ? Je n'aime pas spécialement les happy end, mais ils ont au moins le mérite de respecter un tant soit peu les personnages. Qu'ils n'aient pas fait tout ça pour rien, que le film ait eu une raison d'exister, et que la fin soit une occasion non pas de plomber et de sidérer le spectateur, mais de lui donner envie de réfléchir à ce qu'il a vu.
Le plus énervant, c'est la scène sur le pont, régurgitation éhontée de la scène sur le pont de la Guerre des mondes.
Sauf que là, on va tuer une mère dans d'atroces souffrances, sous les yeux de sa fille, qui ensuite à cause des méchants nuages se réfugie avec son père chez une femme qui ne peut pas fuir car son gamin est sous dialyse, et qui vont donc mourir aussi... Trop cool.
Tout le film au fond est un sous Guerre des Mondes, la force du propos, la réflexion, le souffle de la mise en scène en moins.
Le personnage de Canet est profondément antipathique. Il est là pour injecter un vague truc social au début, il était dans des manifs ouvrières qui ont dégénéré, fin du mois contre fin du monde, tout ça. Il parle mal, il est plein de colère, et ça ne sert à rien dans le film sinon à faire que les personnages se détestent, qu'ils se crient souvent dessus et qu'ils nous sont donc antipathiques.
Mais à la fin il prend lui aussi sa bonne dose de souffrance, sans que ça ne règle aucun problème, à la prochaine pluie ce sera son tour et hop fondu au noir, fin du film en queue de poisson, on était juste là pour vous faire abandonner tout espoir, allez à jamais.
C'est pas désespéré comme "La Route", ça le voudrait mais ça n'y arrive pas. Ca confond désespoir et méchanceté gratuite envers les personnages, désespoir et prise d'otage du spectateur qu'on veut enfermer dans le glauque.
Il paraît que "Nuée", son précédent film, était vachement bien. Je vais le découvrir avec celui-là en tête... Je vous dirai.