Acusada, c'est quand l'Amérique du Sud donne l'impression de se faire l'inverse des thrillers lumineux et pleins de frisson d'Amérique du Nord. Peut-être un peu trop. Dédié à l'exploration des coulisses d'un procès, avec gros plans sur un drame qu'on garde longtemps nimbé de mystère et puis quelques piques de mélodrame bien senties, le film de Tobal s'intéresse tellement à ce que le cinéma délaisse le plus souvent qu'il en découvre les limites à faire du contrepied pour le contrepied.
La limite, par exemple, qui empêche Lali Espósito d'interpréter le mutisme au lieu du silence, et le traumatisme en place de l'inexpression. Les moments de grâce et les mauvaises passes, qui sont le cœur battant d'un évènement aussi pressurisant d'un tel procès ultramédiatisé, sont eux aussi lissés par cette insistance à donner à tout prix une teinte différente à une histoire qu'on connaît de toute manière à l'avance.
Comme souvent, l'Argentine offre un portrait familial et dramatique sans failles - mais c'est aussi sa faiblesse. Muraille hermétique à la spontanéité, il évite d'ennuyer par sa compétence mais manque de fasciner, faute de passion.
→ Quantième Art