Grand prix spécial du jury au festival de Cannes 69. Certains critiques ont écrit qu'il aurait mérité la Palme d'or. Le film raconte la grève la plus dure de l'histoire suédoise, à Adalen, au nord du pays, en 1931. Sa première partie est centrée sur le quotidien des ouvriers désoeuvrés : scènes de campagne dignes d'un Renoir (le peintre), idylle amoureuse naissante entre deux adolescents. Après 93 jours de grève, des "jaunes" sont appelés en renfort, avant que l'armée n'intervienne et ne se heurte aux manifestants. Bilan : 5 morts et la chute du gouvernement, les sociaux-démocrates accédant pour la première fois au pouvoir. Widerberg mêle l'intime et le social, la vie privée et les enjeux politiques. Avec un style indéfinissable, viscéral, organique, dans une mise en scène qui refuse la linéarité et joue sur les ruptures. Distanciée, quasi abstraite, mais prenante et parfois presque élégiaque (moins que dans Elvira Madigan, cependant). Il est difficile de trouver des ressemblances avec d'autres films : The Molly Maguires de Martin Ritt, certaines oeuvres de Jancso, une pincée de Ken Loach ..., loin de Bergman, en tous cas. N'employons pas le mot de chef d'oeuvre à son sujet, mais cela y ressemble fort, malgré tout.