Il y a le banal, et il y a la banalisation. La pauvreté du titre trahit celle du point de vue (n'y avait-il donc rien d'autre à dire ?).
Rester face au réel (qui pourtant n'existe pas, on le sait depuis Lacan), gommer toutes les questions, tous les artefacts de mise en scène, pour avoir "l'air de rien", voilà tout le travail de Lifshitz. Le résultat de cette méthode, c'est un film sans épaisseur, où les relations entre les personnages sont sans relief ni ambivalence, ce qui est quand même un comble pour un tournage qui a duré 7 ans. Autant de temps pour si peu de détails...
Et pourtant la matière abonde, psychologique, sociale - mais le cinéaste lui donne une forme vague. Il réussit quand même, alors que des éléments du récit ne manquent pas d'émouvoir, de révolter, de sidérer, à glisser toute une série de plans dits "naturalistes", totalement insignifiants, comme les pieds des filles dans l'eau d'un lac par une chaude journée d'été... C'est ce qui s'appelle le déni, le refus d'exercer son intelligence.