C’est vrai : "Adoration" est un film brut, verbeux et très intellectualisant. Ne cachons d’ailleurs pas que rentrer dans le film est un exercice bien rude. Les dialogues, la musique, et surtout ce montage qui reconstruit sans cesse la trame de façon non-linéaire, sont autant d’épreuves à surmonter et sur lesquels Atom Egoyan ne nous aide que bien peu. Mais une fois que l’on supporte ces fardeaux, ils deviennent incontestablement la source d’allégresse de ce film qui, par sa science du brassage des idées et des images, parvient incontestablement à toucher quelque chose de profond et de juste à la fois. Même si dans cette entreprise d’artifices certains tours crissent un peu et nous font parfois décrocher, la magie dans son ensemble opère et sait – à de nombreuses reprises – nous porter dans un autre monde, dans un autre espace, celui du cinéma total. Eprouvant donc ; inégal certes ; mais positivement marquant à n’en pas douter.