Ce n'est sans doute pas avec Adoration que Fabrice Du Welz fera l'unanimité mais cela ne l'empêchera sans doute pas de continuer de bravement continuer à creuser son sillon, à l'écart des modes, avec son cinéma à la fois rugueux et doux et franchement personnel (c'est une qualité rare). Adoration se singularise par ses partis pris esthétiques, surtout, et narratifs, à la croisée d'un réalisme parfois sordide et d'un lyrisme qui n'a pas peur de paraître exacerbé, au risque de friser l'exercice de style et le formalisme. L'histoire en elle-même n'est pas si originale, la fuite éperdue d'un couple malade d'amour en marge d'un monde qui ne peut les laisser ensemble, mais elle se nimbe d'un romantisme d'autant plus aigu qu'elle concerne de très jeunes gens, encore des enfants. Du Welz met beaucoup de pudeur dans la relation entre ces deux héros, parfaitement incarnés par Thomas Gioria et Fantine Harduin, recherchant une certaine pureté qui ne trouve d'écho que dans la nature bienveillante qui les accueille. Pari difficile à tenir étant donné l'état mental de l'un des deux mais que le cinéaste parvient à sublimer par ses choix de mise en scène, jamais banals et largement inspirés par l'univers des contes. L'équilibre du film est très fragile et en conséquence ne séduira pas toutes les audiences mais c'est justement par sa cohérence de forme et de fond et sa capacité à tenir sa fière tonalité, dès lors qu'on accepte sa belle radicalité, que l'on suit le cœur battant les aventures de ces deux presque adolescents quelles qu'en puissent être la fin et les conséquences puisque comme le dit sa somptueuse affiche : il n'y a pour eux que l'amour. Ou rien.